– Le salon de thé de l’Ours Malais, de David Rubin –

Vous vous sentez l’âme en peine, ou désirez tout simplement boire une boisson bien chaude en écoutant de jolies histoires ? Alors, venez, n’hésitez surtout pas, poussez la porte du salon de thé de l’Ours Malais et accoudez vous au comptoir de Sigfrido ; cet ours aux traits si doux qu’on le croirait sorti d’un dessin animé de Walt Disney si ses grands yeux n’étaient emplis de tant de mélancolie.
Mélancolie qu’il traine depuis sa première vie, où un événement des plus durs le poussa à tout abandonner pour une longue errance autour du monde, le temps d’oublier, le temps de renaître… jusqu’à ce que sa route le mène à cette ville accueillante où il posa enfin ses valises et ouvrit son salon de thé.

Mais bien plus qu’un salon de thé, son échoppe se révèle en fait être un véritable dispensaire pour les âmes. Car la souffrance et la tristesse, Sigfrido, il connait bien, du coup, il sait prêter une oreille attentive aux êtres éplorés, les aider discrètement quand il le peut, ou tout simplement leur servir le breuvage idéal, celui qui saura soulager les maux du cœur et les blessures de l’âme.
Ainsi, vous pourrez croiser ici chaque habitant de la ville, car qui n’a jamais connu des amoures contrariées, la perte d’un être cher, ou quelque autre malheur du même acabit ?

Non, ne fuyez pas, je ne vous parle pas d’un rassemblement de pleurnichards à l’ambiance lourde et plombante, car justement, si ces désespérés viennent chez l’Ours Malais, c’est pour y trouver le réconfort. De fait, alors que les clients s’échouent ici le moral au plus bas, les soins et attentions de Sigfrido sauront toujours leur redonner espoir.

 
Voyez, par exemple, cet homme affalé sur sa table, là, au fond : il fut jadis le protecteur de la ville, mais il erre maintenant comme un pauvre diable depuis qu’un accident lui fit perdre la vue… Et ici, au bout du bar, cette gorgone désespérant de trouver enfin l’amour à cause de cette terrible malédiction changeant en pierre quiconque croisera son regard… Triste vie que la leur, non ? Mais si, grâce à notre bon samaritain, l’homme ne pouvant voir osait déclarer sa flamme à la femme ne pouvant être regardée, n’assisterions-nous pas alors à la naissance d’un couple parfait ?
Et ce sur-homme qui se laissait dépérir depuis que ses super-pouvoirs s’avérèrent impuissant face au cancer de sa femme, où en serait-il sans les précieux conseils de Sigfrido ?
Et cet homme abandonné, n’a-t-il pas plus de chance de récupérer son aimée quand notre hôte lui sert une douce parole plutôt qu’un énième verre d’alcool ?

Ces histoires vous touchent, vous titillent, vous ressemblent… ?
Alors, venez, n’hésitez surtout pas, poussez la porte du salon de thé de l’Ours Malais et accoudez-vous au comptoir de Sigfrido ; cet ours aux traits si doux saura vous prodiguer tellement de bonheur et de joie, malgré ses grands yeux emplis de tant de mélancolie.

Le salon de thé de l’Ours Malais, de David Rubin (ed. Rackham).

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