Vous êtes célibataire ?
La seule âme solitaire de votre entourage ?
Vous vous dites : « pourquoi eux et pas moi » ?
Mais avez-vous vraiment tout tenté ?
Autrefois vu comme le dernier recours des cœurs désespérés, les sites de rencontres et chats spécialisés sont aujourd’hui parfaitement assimilés dans l’esprit de tous et poussent comme des champignons sur le web.
Hé bien justement, Léa, elle, a décidé de se prendre en main pour quitter enfin son donjon de princesse esseulée et de renouveler son répertoire de princes charmants grâce à la version XXIème siècle du grand bal : une connexion Meetic.
Le problème, c’est que sur ce genre de site, on ne dégote pas forcément que du prince charmant de premier choix. Entre le désespéré à tendance dépressif, le dragueur minable à la métaphore ridicule, le rustre impatient adepte du rentre-dedans, ou encore l’obsédé en quête constante de nouvelles proies innocentes ; le seul qui pourrait éventuellement tirer son épingle du jeu serait ce mystérieux Noé. Les photos échangées sont plutôt rassurantes quant à son physique, ses tactiques de drague sans être des plus fines sont plutôt agréables, sa situation professionnelle et financière à l’air confortable… Du coup, Léa est en droit de se demander : pourquoi un spécimen d’une telle rareté est-il encore sur le marché ?
La première partie de l’album, se construit donc comme une petite bluette, légère et agréable, où nous suivons la charmante et pétillante Léa, bien dans son temps et dans sa tête, chercher l’homme de sa vie, tranquillement, entre deux cafés en terrasse avec ses potes… et tomber miraculeusement sur le beau et (presque) parfait Noé.
Seulement, quand le chaleureux, prévenant, et entreprenant Noé est en passe de devenir le sans-gêne, omniprésent, et envahissant Noé, le doute s’installe dans la tête de Léa.
Et quand les inséparables amis de Noé – tout aussi sans-gêne, omniprésents, et envahissants – s’immiscent, s’incrustent, et s’imposent dans leur relation, ce n’est plus le doute qui s’installe, mais plutôt l’irritation.
Pour peu que lesdits amis poussent le bouchon encore un peu plus loin, manipulant Noé et allant jusqu’à menacer Léa sous sa bénédiction, l’irritation finira alors par céder place à la peur.
La petite bluette prendra donc rapidement un virage vers quelque chose de plus malsain, dérangeant et oppressant, à la limite du thriller psychologique.
Impression renforcée par le dessin de Masson, pourtant très délicat, mais qui saura se teinter de bichromies tantôt chaudes et douces pour les scènes légères, tantôt froides et plus abruptes pour les scènes plus dures.
Un conte de fée moderne qui tourne doucement au cauchemar, s’amusant à nous séduire pour mieux nous asséner le coup de couteau dans le dos, et finalement nous abandonner cruellement sur le bord de la route, désemparés et mal à l’aise devant cette fin ouverte laissant libre cours à notre imagination perverse.
L’Arche de Noé a flashé sur vous, de Masson & Von Arx (ed. Futuropolis)
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T’as tout « spoilé »! LOL!
Merci sympa quand même la chronique! ça se lit vite non?
@ Julien :
Aaaaaaaaargh, arrête : tu trouves que j’en dis trop ? Put***, moi qui ai horreur des critiques qui balancent tout :o(
Ceci dit, là, on sent assez vite le plan bancal dans lequel se lance Léà, l’intérêt est surtout dans le traitement de l’histoire plus que sur sa ligne directrice…
Sinon, oui, ça se lit un peu rapidement… Rapidement, dans le sens « d’une traite » parce qu’on veut savoir vite-vite la suite, mais aussi rapidement « trop peu » parce qu’on aimerait que ce soit plus développé… en même temps, si on en veut plus, c’est plutôt bon signe, non ?!
Pour moi cette fin trop ouverte a tué la fin de l’histoire…
Yep, je comprends que cette fin très (trop ?) ouverte puisse déranger le lecteur, mais d’un autre côté j’aime aussi le fait qu’on puisse s’imaginer le pire…