– Rorschach, de Terreur Graphique –

Bon, en général, je ne parle que très rarement des livres que je n’ai pas encore lus, et en tant que passionné à tendance mono-maniaque amoureux de l’objet et éprouvant le besoin de sentir la douceur du papier contre mon corps, je me refuse à découvrir les BD via un écran d’ordi.
Les imbéciles étant les seuls qui ne changent pas d’avis, et étant moi-même le strict opposé de ce qu’on peut appeler un imbécile, j’ai dernièrement accepté de ravaler mes principes et convictions, et me suis laissé tenter par la lecture en format « pdf » du Rorschach de môssieur Terreur Graphique.

Ceci dit, comment aurait-il pu en être autrement après avoir clické sur les premières images d’un tel bouquin ?
Une fois que notre œil se fait alpaguer, on se laisse littéralement happer par le visuel, ce trait si spécial et accrocheur issu d’un choc des cultures où les comics underground et irrévérencieux d’un Crumb ou d’un Joe Matt, se laisseraient envahir par les formes gluantes et horrifiques d’un Blanquet ou les p’tits bonshommes si faussement mignons mais véritablement cruels d’un Ivan Brun.

Et si la forme est accrocheuse, le fond l’est tout autant : Terreur Graphique nous entraine dans un tourbillon psyché où le héros part en trip hallucino-introspectif dès qu’il aperçoit une tache, comme emprisonné dans une sorte de test de Rorschach perpétuel. Un verre de renversé sur son T-Shirt ? Quelle occasion rêvée pour s’exposer à ses peurs d’enfants afin de mieux les combattre, de coucher avec sa mère et tuer son père pour résoudre son œdipe, ou revivre les pires moments de sa vie pour enfin les exorciser…!

Ajoutez à ceci un découpage, un cadrage, une symbolique, et une construction des plus inventifs et astucieux, et vous obtiendrez assurément une des premières grosses claques de cette nouvelle année…
…et même si je n’ai pas encore tenu ce bouquin entre les mains pour en apprécier les moindres détails à leur juste valeur, je ne peux déjà que vous conseiller cette séance de psychanalyse trash et punk !

Rorschach, de Terreur Graphique (ed. Six Pieds Sous Terre)