« Tire la chevillette et la bobinette cherra… »
Bien sûr, on connaît tous cette phrase, encrée au plus profond de nos souvenirs d’enfance et faisant vibrer systématiquement notre fibre nostalgique…
Le Petit Chaperon Rouge doit être l’un des contes de Perrault les plus lus et relus à nos chères têtes blondes, les plus adaptés et réadaptés quelque soit le média ; alors forcément quand moi je débarque pour vous raconter que je viens d’en lire une nouvelle mouture, vous êtes en droit de vous demander si je me fous pas un peu de votre gueule !
Mais rassurez-vous : non, je ne me fous pas de votre gueule. D’une part, je ne me permettrai pas, d’autre part, ce bouquin vaut vraiment le coup d’œil.
Tout d’abord, pour le texte : on apprécie le choix de l’auteur de nous proposer ce conte tel que l’avait écrit Perrault en son temps, nous permettant de retrouver sa prose si agréable à lire, mais surtout de découvrir à quel point l’histoire originelle se révèle beaucoup moins enfantine que ce que l’on en a retenu par la suite ; pleine de situations dérangeantes – si ce n’est effrayantes – et même de sous-entendus à la limite du tendancieux (voyez ce moment où le loup invite la fillette à le rejoindre au lit).
Une ambiance plus adulte, donc, rehaussée par le dessin d’Amoretti, appliquant sa plume fine et élégante à un dessin aux parfums de Gothic-Lolita ramené des ses séjours aux Japon. Il refuse donc le rôle du Chaperon à la classique blondinette insipide pour l’offrir à une jeune fille légèrement plus âgée, aux formes naissantes, à la peau pâle et aux cheveux de jais, vêtue d’une robe victorienne, de jupons, et de guêtres pour un côté « poupée steampunk érotico-romantique » des plus plaisants.
Mais la particularité de ce bel album réside aussi et surtout dans les quelques pages de bande dessinée suivant le conte illustré et s’amusant à imaginer la suite de l’histoire, à savoir ce qu’il advint dans le ventre du loup.
A peine eut-il été englouti, que le Petit Chaperon Rouge nous entraîne dans une chute fort semblable à celle d’Alice vers le Pays des Merveilles, point de départ d’un tourbillon onirique d’où jaillissent les références bien senties (mention aux célèbres victimes que l’animal aura dévorées dans d’autres contes et qui errent dans ses entrailles), de visions cauchemardesques, de mutations fantastiques, d’une certaine séduction contre-nature… et bien sûr, comme toute fable qui se respecte, d’une morale affirmant qu’il faut savoir soit-même être un loup pour affronter les dangers de la vie.
Alors oui, même s’il s’agit là de la 3528ème adaptation du Petit Chaperon Rouge, j’ai été séduit par ce livre offrant une relecture des plus originales et pourtant hautement fidèle du célèbre conte de Perrault, sublimée par des illustrations élégantes et chargées de poésie, et agrémentée d’une jolie suite en bande dessinée, sorte de parcours initiatique et de passage dans l’âge adulte, collant parfaitement à l’esprit du maître…
Le Petit Chaperon Rouge & Ce qu’il advint dans le ventre du loup, de Perrault, Amoretti & Alwett (ed. Soleil – Blackberry).
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En fait le chaperon rouge est un conte populaire, la version de Perrault, la plus ancienne connue (dixit Wikipedia :p) est celle qui finit mal. La version qui finit bien (avec le chasseur, etc, bref la plus racontée aux enfants), semble être plutôt la version des frères Grimm.
@ Ash : Merci de la précision, je ne savais pas que les frères Grimm avaient fricoté (en tout bien tout honneur) avec le Chaperon Rouge ;o)