– Les Enfants de Mandalay, de Gonord, Olivié & Aris –

Tout d’abord, on est quelque peu déconcertés par ce trait tremblant, fragile, touchant même, mais qui toutefois rend les contours si incertains, les visages si flous, que les personnages donnent cette sensation d’être(s) irréels.
Ensuite, on est interpellés par le contraste entre ces couleurs pastelles si douces, si apaisantes, et ce fond si dur, si violent.
L’album s’ouvre sur une scène d’incendie. Celui d’un village birman mis à feu et à sang par des soldats. On y découvre des enfants moitiés nus, perdus, errants ; blessés dans leur chair et dans leur âme.
La scène suivante nous montre un moine-guerrier sur un champ de bataille, piétinant un champ de cadavre. Parmi ces corps sans vie, il recherche un peu de vie dans le corps de son prince ; fils du roi dont cette guerre a pris la vie.
Puis l’on nous présente les deux généraux responsables de cette guerre meurtrière et sanglante. Deux êtres vils et sans scrupule prêts à sacrifier leur peuple et leur pays pour offrir esclaves et or à des occidentaux vils et sans scrupule prêts à donner armes et pouvoir à ces généraux vils et sans scrupule pour qu’ils puissent gagner cette guerre, s’emparer du pays, et offrir esclaves et or à ces occidentaux vils et sans scrupule prêts à… bref, beaucoup d’échanges et d’actes vils et sans scrupule, mais aussi sans regret ni remord tant que tout un chacun y trouve richesse ou pouvoir.
Un bien triste tableau, me direz-vous, alors pourquoi le peindre avec tant de poésie, de douceur, et de légèreté ; à la manière d’un conte ?

Peut-être pour illustrer l’espoir incarné par ce couple de marionnettistes qui prendra sous son aile les enfants perdus, les nourrira, les soignera, et les guidera jusqu’à un village encore sûr et serein.
Ce couple de marionnettiste qui saura piocher dans les valeurs et les traditions du peuple Birman pour raviver leur fierté et leur donner l’envie de combattre.
Ce couple de marionnettiste qui saura invoquer les esprits de la forêt et de la terre, leur forêt et leur terre, pour leur donner le courage de combattre.
Ce couple de marionnettiste qui saura conter la victoire des enfants de Mandalay par delà monts et vallées pour que ce soit un pays entier qui retrouve l’espoir, se relève, se révolte ; et ainsi leur donner la force de combattre.

Moi qui ai eu la chance de voyager à travers l’Asie du Sud-Est, de voir à quelle point la vie peut y être belle et agréable ; moi qui suis tombé amoureux de ces peuples qui cultivent le respect de l’autre, de la tradition, de la nature ; moi qui souffre quand je sais les supplices et les maltraitances que la junte militaire inflige au Birmans et à la Birmanie ; moi, j’aimerais tellement que cette magnifique histoire puisse un jour être vraie…

Les Enfants de Mandalay, de Gonord, Olivié & Aris (ed. Ankama – le 28 octobre)

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