Depuis sa création en 1938, beaucoup d’auteurs se sont frottés au personnage de Spirou. Certains passeront sans faire de bruit (y compris son propre créateur, Rob-Vel), d’autres feront couler beaucoup d’encre, de l’adulé Franquin (à qui l’on doit en grande partie l’univers foisonnant de la série), aux décriés Morvan et Munuera (un poil japanisant et jugés trop peu fidèles au perso’ de base), en passant par les controversés Tome et Janry (aux manettes d’albums axés principalement sur l’aventure et forts à mon goût !).
Et aujourd’hui, à plus de 70 ans, notre bon vieux Spirou se trouve une nouvelle paire de papas en les personnes de Yoann et Vehlmann.
Enfin, nouveaux papas ayant aussi assuré le rôle de cousins éloignés, le duo s’étant déjà fait les dents sur un one-shot parmi les hors-série Une Aventure de Spirou Par… Le résultat, une sorte d’Indiana Jones revisité par le graphiste de Gorillaz, reçut un accueil chaleureux et ne fut peut-être pas étranger au fait que la maison mère leur ouvre grand ses portes aujourd’hui.
Ici, le dessinateur a sûrement du se plier au cahier des charges de Dupuis, et pour la série principale il remballe donc son trait anguleux et très stylisé pour revenir vers quelque chose plus proche du traditionnel franco-belge de papa. Mais loin de s’encrouter pour autant, Yoann y apporte une réelle modernité, un dynamisme, et une impression de mouvement imparable et forte à propos sur les scènes d’actions.
Car oui, il y a de l’action dans ce Spirou, mais pas que !
Dans cet album, il y a aussi beaucoup d’humour, une pincée d’écologie, une légère (mais bien sentie) charge contre les militaires, de belles grandes cases sur la jungle luxuriante, un costume de groom habillement justifié, et une tonne de références plus ou moins évidentes au maître.
Premièrement, par le choix du lieu et des personnages : cette histoire axée autour de Zorglub et Pacôme, ancrée au cœur de Champignac-en-Cambrousse, nous ramène avec joie au temps de la grande époque Franquin. Viennent ensuite s’ajouter tous ces personnages secondaires (Dupilon, le Maire, le dinosaure du Mésozoique…), pas forcément obligatoires, mais qui raviront à coups sûr le cœur des fans. Et pour peu qu’on s’attache au détails, on décèlera, tapies dans l’ombre, tout plein de p’tites bestioles inquiétantes qui auraient figuré sans problèmes dans les Idées Noires, et on se laisserait presque émouvoir en devinant un Gaston vieilli derrière ce papy affalé dans un hamac au côté de son chat noir et sa mouette rieuse…
Tant de compliments : tiendrait-on un chef d’œuvre entre les mains ?
Je n’irai pas jusque là. Quelques blagues corporate sont un peu poussives, et l’histoire, aussi sympathique est-elle, manque parfois de profondeur, de consistance, et l’album se lit un poil trop vite… on en voudrait plus, mais au final, n’est-ce pas un bon signe ? Surtout quand on découvre cette dernière case annonçant clairement une suite directe !
Pas un chef d’œuvre donc, mais un divertissement réjouissant, bourré de qualités, visuellement au top, et qui réjouira sûrement les fans de la première heure comme les nouveaux venus. A la fois un retour aux sources et un nouveau départ pour ce Spirou new generation, alors premier essai réussi et vivement le prochain !
Alerte aux Zorkons, par Yoann & Vehlmann (ed. Dupuis)
PS : Quand on connaît l’étymologie des mots liés à Zorglub, je trouve à la fois osé et très bon de titrer cet album Alerte aux Zorkons, soit littéralement « les cons de Zorglub » !
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j adore spirrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrroooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu