– La Faille, Zàrate & Sampayo –

Quelle étrange BD que celle-ci…

Dans La Faille, nous suivons une multitude de personnages ; des personnages indépendants d’apparence, mais qui au fil des pages s’avèreront bien plus liés qu’on aurait pu le croire.
Premièrement, il y a Jeremy McPhee, un jeune adolescent inverti et mal dans sa peau.
Jeremy possède un physique ordinaire, voire-même avantageux ; mais ce physique, il ne le supporte pas.
Jeremy décide alors d’exposer son problème à Helen Rosen.
Helen Rosen est la présentatrice d’une émission télévisée populaire qui se propose d’aider les jeunes en sollicitant l’aide du public.
L’émission d’Helen Rosen est suivie par un grand nombre de téléspectateurs.
Parmi ces téléspectateurs, on trouve une certaine Ann Greene.
Ann Greene vit devant sa télé, seule, sans enfant et délaissé par un mari accaparé par son travail.
Son mari, Peter Greene, est inspecteur à New Scotland Yard, un inspecteur réputé et spécialisé en explosifs.
Peter Greene mène une enquête sur un attentat perpétré à l’aide de dynamite volée.
Dynamite qui pourrait être bien utile à Jeremy pour en finir une fois pour toute avec cette vie ne lui correspondant pas…

Voici quelques-un des destins qui se croisent et s’entrecroisent dans un Londres oppressant ; truffé de caméras de surveillance et sur le point de s’effondrer, laissant apparaître de mystérieuses failles sur ses mûrs.

Beaucoup d’éléments, donc, dans cette histoire… et peut-être trop, même.
On saute d’une situation à l’autre sans réelle transition, les paroles des uns s’enchevêtrent avec les pensées des autres, on nous lance sur une piste pour mieux nous couper l’herbe sous le pied…
On referme ce livre en ayant la désagréable impression de ne connaître réellement aucun de ses nombreux personnages, sans non plus savoir quel est vraiment le rôle de ces caméras omniprésentes, et ni même avoir été éclairés sur les origines et les conséquences ces fameuses failles.
Sentiment déroutant que d’avoir été baladé de part et d’autre, puis balancé sans plus d’explications.

Déroutant et dérangeant.
Alors on réfléchi, on rumine, puis on se demande : et si finalement, on nous proposait volontairement cette succession de bouts de vie comme ça, un peu en vrac. Les auteurs nous exposeraient ces instantanés comme si on les observait à travers les objectifs de ces multiples caméras, nos yeux virevoltant au hasard d’écran en écran… écrans de télé, écrans de surveillance…
Nous ne serions donc que de simples spectateurs, à la limite du voyeurisme, assimilant les images que l’on nous sert sans demander notre reste… espérant tout de même y trouver quelque chose d’un peu croustillant à se mettre sous la dent !

Un album étrange, donc ; froid et hermétique, déroutant et intrigant… mais loin, bien loin, d’être inintéressant !

La Faille, par Zàrate & Sampayo (ed. Futuropolis)