– Sous-sols, de Tirabosco & Wazem –

Dès les premières pages, un profond sentiment de solitude s’installe alors que l’on suit l’errance d’une petite fille à part, décalée, perdue dans un monde dont elle n’a pas le mode d’emploi.
On la voit grandir, seule. Devenir une femme, seule. S’endormir, seule.
S’endormir longtemps. Disparaître. Et se réveiller, seule.
Seule et perdue dans des sous-sols inconnus et étranges.
A la surface, on découvre sa sœur jumelle, tout aussi seule et tout aussi perdue, dans un monde tout aussi étrange : le notre, plongé dans l’obscurité suite à la création d’un trou noir généré par un accélérateur de particules.
Elle rencontre une vieille femme, seule, épouse d’un ingénieur travaillant sur l’accélérateur de particules et disparu il y a 3 semaines. Date de mise en marche de l’accélérateur. Date de l’apparition du trou noir. Date à laquelle la petite fille devenue grande s’est endormie, et ne s’est toujours pas réveillée.
Dans les sous-sols, la sœur endormie rencontre le mari disparu.
Il lui explique la physique quantique, les expériences menées sur les particules, les phénomènes étranges pouvant en découler, la création des mondes parallèle, l’apparition de leur monde parallèle… et des monstres qui le peuplent !
Mais ces deux mondes ne font-ils pas qu’un ? Et ces deux sœurs ne font-elles pas qu’une ? Les démons que la jeune femme affronte dans ce monde parallèle ne sont-ils pas ses propres démons intérieurs qu’elle n’ose combattre dans le monde réel ?
D’ailleurs, le lapin blanc qui apparait régulièrement ne serait-il pas une référence à l’Alice de Lewis Caroll et son Underland ?

Nous voilà plongé dans un troublant récit jouant sur la dualité – dualité des jumelles, des mondes, des dangers – pour mieux nous perdre et nous désorienter dans ces sous-sols tortueux ; mais aussi pour mieux nous captiver et laisser libre cours à notre imagination.
Et cette dualité est tout autant visuelle : d’un côté Tirabosco nous charme et nous rassure avec son trait épais et tout en rondeur, qui amène tant de douceur et de sensibilité aux personnages ; mais d’un autre côté, il choisit cette bichromie froide et ces noirs au fusain qui accentuent le côté dérangeant et mystérieux du monde qui les entoure. Dans ces ombres profondes et denses, on devine aisément les yeux et les crocs des monstres, imaginaires ou non, tapis et prêts à bondir sur leurs innocentes victimes…

Deux ans après nous avoir ému avec leur superbe album La Fin du Monde, le duo Wazem & Tirabosco revient ici avec un album onirique et mélancolique sur la solitude, la peur, le déni, le rejet… Tout aussi dérangeant et effrayant, qu’envoutant et poignant.

Sous-Sols de Tirabosco & Wazem (ed. Futuropolis)

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