Dans le billet précédent, mon cher collègue laissait la main (la patte ?) à son immonde chat. Mais plutôt que de faire parler ce vil félin agressif qu’est Scaramouche, pourquoi ne pas donner la parole à un chat qui a vraiment quelque chose à dire ? Un chat qui, d’ailleurs, l’a déjà prise, la parole ; et ce sans rien demander à personne et juste en mangeant un perroquet.
Je parle ici du fameux Chat du Rabbin, de Joann Sfar. Un chat doué de parole, donc, mais aussi d’Esprit, toujours prompt à philosopher sur toute sorte de sujets ; de son ingrate condition d’animal au judaïsme en Afrique du Nord, en passant par l’Amour avec un grand A, bien entendu !
Voilà un personnage de BD des plus attachants, des plus originaux, et des plus intéressants de cette décennie. Tellement intéressant, même, qu’à bien des reprises, ces messieurs du cinéma proposèrent à son créateur d’en faire un long métrage en dessin animé. Mais, par peur d’un rendu trop approximatif et peu fidèle à l’œuvre originale, Joann Sfar refusa à chaque fois.
Fort heureusement vint la révolution Persépolis ! Le bédéaste fut à tel point ébloui par ce film, par cette façon qu’a eu Marjane Satrapi de transposer de la bédé sur grand écran tout en respectant l’essence de cet art, qu’il fut bien forcé de revoir sa décision. Il accepta alors de revenir sur ses refus successifs, à condition qu’il fût lui-même le réalisateur de ce long métrage.
Condition accordée. Joann s’attela donc au projet, se fit un peu les dents sur un certain conte héroïque, adapta les scénarios de ses bouquins au nouveau média, s’entoura d’une bande dessinateurs chargés de capter sur papier les moindres expressions et postures des acteurs jouant les scènes en live (et en costumes), travailla d’arrache-pied du fauteuil de réalisateur à la table de montage, et mit en boite – et en bobine – une adaptation de son Chat du Rabbin qui devrait sortir d’ici quelques mois et dont les premières images sont pour le moins prometteuses.
L’autre bonne nouvelle autour de ce projet, c’est que pour mener à bien ce travail herculéen, Joann s’est associé à Clément Oubrerie et Antoine Delesvaux, et que les trois lascars ont monté ensemble Autochenille, une maison de production spécialisée dans l’adaptation de bandes dessinées au cinéma. Ce Chat sera donc le premier d’une longue liste de projets alléchants, dans laquelle figurent déjà le succulent Aya de Yopougon de Clément Oubrerie et Margerite Abouet, qui nous fera flâner dans les quartiers populaires de l’Abidjan des années ’70 ; et surtout l’excellent Isaac Le Pirate du non-moins excellent Christophe Blain, qui nous fera vivre mille et une aventures aussi bien sur les sept mers que sur les cinq continents !
* Le site d’Autochenille Production
* Gainsbourg, vie héroïque par Joann Sfar : La critique
* Le Chat du Rabbin par Joann Sfar aux éditions Dargaud
* Aya de Yopougon par Clément Oubrerie et Marguerite Abouet aux éditions Gallimard
* Isaac le Pirate par Christophe Blain aux éditions Dargaud
* Persépolis par Marjane Satrapi à l’Association
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Pfff… T’es jaloux, c’est tout…
Primo : Je ne suis pas immonde. Les chats sont très propres, tu sais.
Secundo : Je ne suis plus agressif… J’ai eu ma période rebelle, c’est tout… Maintenant, je suis zen…
Tertio : Je suis pas le chat du rabbin, d’accord, mais je suis le chat du rédac’ chef d’Angle[s] de vue, c’est la classe…
Cela dit, j’attends aussi le film de Sfar… On verra bien qui fait la critique le premier, na !
Damned, devrais-je ajouter « susceptible » à « vil », « immonde » et « agressif »…? Beau palmares, sâle bête !
Héhé !