Les traders et autres financiers irascibles ont aussi droit à leur moment de détente. Ainsi, chaque semaine, dans le magazine d’économie Challenges, entre un tableau boursier incompréhensible et l’annonce d’une prochaine crise mondiale, fleurissent miraculeusement quelques cases de BD légères et salvatrices.
Mais je vous rassure, pas besoin de s’abonner au-dit magazine pour pouvoir s’en délecter : les éditions Dargaud ont eu la bonne idée de les compiler en recueils paraissant dans leur (fabuleuse) collection Poisson Pilote.
Dans le premier tome d’Open Space, nous pouvons donc suivre les premiers pas d’Hubert, stagiaire de son état, largué dans le monde bestial de l’entreprise où défileront tous les cas de figures obligatoires, du commercial en chemisette à l’assistante de direction aussi bombasse qu’inutile en passant par le cinquantenaire mis au placard… littéralement enfermé dans un placard !
Et si certains diront que le résultat n’est pas super-original ni ultra-désopilant, James (l’auteur et l’un des deux lascars à la tête d’Ottoprod) nous livre quand même des strips de bonne qualité, frais, à l’humour fin, évitant les clichés bien gras (on tire plus du côté de The Office que de Caméra Café) et servis par un dessin animalier vraiment bien adapté au sujet, classieux et bien senti.
Globalement séduit par ce premier opus, c’est tout naturellement que je me suis laissé tenter par le second, et vous m’en voyez ravi : plus nous suivons les personnages, plus nous nous attachons à leur personnalité propre et en saisissons toutes les subtilités. De plus quelques gags peu efficaces en 2 strips trouvent enfin tout leur sens en étant repris régulièrement au cours des albums pour devenir des running-gags vraiment succulents. Ajoutez à ceci quelques idées de mise en scène et métaphores qui tombent parfaitement (représenter toute la petite bande sur une île déserte pour figurer une panne d’internet), et c’est avec une réelle impatience que vous attendrez le tome 3.
La seule crainte ? Qu’une certaine lassitude viennent assombrir le tableau, que James ait épuisé le sujet et que l’on commence à tourner en rond dans cet Open Space trop étroit.
Que nenni ! Maintenant que notre Hubert s’est fait engagé et qu’il s’est parfaitement intégré à l’équipe, à travers la vie quotidienne de la boite et de ses employés, c’est notre société toute entière qui sera maltraitée par la plume taquine de James. En exposant ses personnage aux conséquences de la crise financière, la phobie ridicule de la grippe A, ou le problème du développement durable et ses fausses solutions ; l’auteur arrivera forcément à faire rougir chacun de nous en pointant du doigt nos petits travers plus ou moins avouables et quelques peu honteux.
Telle une PME qui ferait tout doucement mais sûrement ses preuves sur le marché, Dans mon Open Space est donc une jeune série avec un potentiel énorme, qui ne demande qu’à se développer et sur laquelle il serait dommage de ne pas miser.
Dans mon Open Space par James (ed. Dargaud)
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