Sattouf, le beau-gosse de la BD

Alors oui, aujourd’hui tout le monde connaît Riad Sattouf, le génial « papa » des Beaux-Gosses, le réalisateur révolutionnaire lauréat d’un César, le merveilleux observateur de nos jeunes adolescents. Quelques autres, moins nombreux, auraient entendu dire qu’il aurait parait-il comme occupation parallèle de gribouiller des dessins dans des petites cases. Dans ceux-ci, une poignée auraient peut-être même vaguement feuilleté Retour Au Collège, cette BD-reportage à l’origine de son chef d’œuvre du 7ème art, et sûrement offerte avec leur a-bobo-nnement à Télérama, Chronik’art ou autres Inrockuptibles branchouilles à mort.

Mais il y a une vie avant le cinéma ; et combien êtes-vous à vous y être penchés ? Combien êtes-vous à avoir lu Les Pauvres Aventures de Jérémie, Ma Circoncision, La Vie Secrète des Jeunes, Le Manuel du Puceau, No Sex in New York, le génialissime Pascal Brutal…?

Attention, je ne vous reproche rien, hein, ni ne vous force à ces lectures ; mais en revisionnant Les Beaux Gosses, je me suis demandé une chose : n’a-t-on pas un poil trop enlouangé ce film ?

Même si je l’ai beaucoup aimé, je n’ai pas atteint cet état de pâmoison dans lequel sont tombés la plupart des cinéphiles !

Soyons réalistes : d’un point de vue technique, on reste quand même plus au niveau du téléfilm que de la super-production hollywoodienne. Réalisation, photographie, cadrage, musique, lumière, décors (…) restent au final très basiques et peu innovants. Les véritables atouts de ce film sont avant tout ses excellents jeunes acteurs, d’une part, et d’autre part, ses dialogues hyper-efficaces abreuvés par le sens de l’observation acéré de Riad Sattouf.

Sens de l’observation que l’on retrouve justement au cœur de toute sa bibliographie.

Sens de l’observation qui y explose, même, et qui ne se contente pas de s’attaquer uniquement aux adolescents : tout le monde en prend pour son grade !

Quels que soient notre origine, notre classe, notre statut, notre religion, notre milieu, notre âge, nos opinions ; sous son dessin simple, faussement naïf et gentillet, Riad prend un malin plaisir à relever et exacerber le moindre de nos traits de caractère, de nos petites manies énervantes, de nos travers inavouables, pour nous les foutre gentiment dans la gueule !

Et ce, avec tellement de talent, qu’on ne peut qu’aimer s’y reconnaître – sans masochisme aucun !

Alors plutôt que de rabâcher encore et encore que Riad Sattouf est un dieu ayant révolutionné le cinéma du haut de son unique film, revenez à ses premières amours : ses bouquins vous offrirons une vue imprenable sur l’étendue de son talent. Vous verrez que l’animal à tellement su nous cerner précisément, nous, notre société, et notre époque ; que la frontière est fine entre sa condition d’auteur / amuseur et celle de reporter / sociologue. Vous comprendrez aussi pourquoi  il a été (et reste) un acteur majeur de ce qu’on appelle la nouvelle bande dessinée et comment il a aidé à redonner un second souffle à notre bonne vieille bédé franco-belge.

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  3. Ca y est, il a trouvé son rythme de publication, le p’tit père PaKa… Comme au bon vieux temps du blog vert…
    Et en plus, il part en croisade contre nos « confrères » de Télérama, des Inrocks et de Chronicart, qui, il est vrai, servent un peu trop souvent de contrepoint à nos critiques cinéma.
    Vas-y mollo quand même… On ne va pas se mettre tout le monde à dos avec un billet qui parle de la vie secrète des jeunes…
    A dos / Ado / jeune… Humour, gag, rires…
    Non ? Bon OK, je sors…

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