Robert_De_Niro_KVIFF_portraitL’acteur à qui sera remis une Palme d’Or d’honneur lors du 78ème Festival de Cannes ne devrait pas avoir trop de mal à faire un discours lors de la remise du fameux trophée, le 13 mai prochain, durant la cérémonie d’ouverture de la manifestation. Cela fait de cinquante ans qu’il peaufine son texte devant sa glace : “You talkin’ to me? You talkin’ to me? You talkin’ to me? Well, then who the hell else are you talking… You talkin’ to me? But I’m the only one here. Who the fuck do you think you’re talkin’ to? Oh yeah? Huh? ‘kay. Huh? Listen you fuckers, you screwheads. Here is a man who would not take it anymore. Who would not let… Listen you fuckers, you screwheads. Here is a man who would not take it anymore. A man who stood up against the scum, the cunts, the dogs, the filth, the shit. Here is someone who stood up. Here is… You’re dead.” (1)
La réplique est fameuse. Elle a fait rentrer l’acteur dans la légende du festival, et même du septième art. Le film dont est tiré ce monologue est Taxi Driver, de Martin Scorsese, Palme d’Or 1976. L’acteur en question est l’immense Robert De Niro. A l’époque, il n’était encore qu’un quasi-débutant, montant les marches pour la première fois de son impressionnante carrière, même s’il avait déjà été repéré sur la Croisette deux ans avant, mais à La Quinzaine des Réalisateurs, pour Mean Streets, du même réalisateur. En 1976, il a aussi présenté 1900  de Bernardo Bertolucci, hors-compétition, quelques jours après la projection de Taxi driver.

Après cette entrée fracassante dans la plus grande manifestation cinématographique mondiale, De Niro est venu plusieurs fois sur la Croisette, le plus souvent hors-compétition. Peut-être car à chaque fois qu’il est dans un film en lice pour la Palme d’Or, celui-ci a de bonnes chances de l’emporter. Ce fut le cas de Mission de Roland Joffé, Palme d’Or en 1986. Pas de La Liste noire d’Irwin Winkler, en 1991, éclipsée par Barton Fink.
Hors compétition, il a enthousiasmé les spectateurs avec La Valse des pantins et Killers of the flower moon de Scorsese, Mad dog and glory de John McNaughton et, deux fois, Il était une fois en Amérique de Sergio Leone. Il a aussi clôturé le festival en 2008, avec Panique à Hollywood de Barry Levinson.
Mais la carrière de Robert De Niro ne se résume pas à la manifestation cannoise, loin de là, même si celle-ci gardera toujours une place particulière dans son coeur. On parle d’un homme qui a glané deux Oscars (pour Le Parrain 2ème partie et Raging Bull), un Golden Globe, un prix d’interprétation à la Mostra de Venise, et un Lion d’Or pour sa carrière, plus une quarantaine de récompenses un peu partout sur la planète Cinéma, sans oublier de nombreuses nominations qui auraient pu – et même dû – lui valoir d’autres trophées. On pense notamment à ses rôles dans New York New York, Voyage au bout de l’enfer, L’Eveil, Les Affranchis, Les Nerfs à vif, Casino et tant d’autres oeuvres inoubliables.

Cet acteur sait tout jouer. Il est aussi bon en gangster psychopathe qu’en parrain dépressif, en prêtre qu’en séducteur, en père de famille suspicieux ou en évadé de prison. Il excelle dans le drame, le thriller ou la comédie, sait doubler des personnages de dessin animé à la perfection. Il sait incarner des premiers rôles inoubliables ou s’effacer pour jouer les seconds couteaux, toujours avec la même intensité dramatique ou comique.
Il est aussi un réalisateur (Il était une fois le Bronx, Raisons d’état), un producteur et même un organisateur de festival – le festival TriBeCa, créé en 2002 pour aider les New-yorkais à retrouver goût à la vie après les attentats du 11 septembre 2001 et pour promouvoir la culture cinématographique. Robert De Niro est une figure respectée du Septième Art, un monstre sacré et il n’est pas illogique de le voir, un an après la divine Meryl Streep, le voir à son tour honoré par le Festival de Cannes.

Le lendemain de la remise du trophée, le mercredi 14 mai, l’acteur rencontrera les festivaliers à l’occasion d’une masterclass donnée sur la scène de la salle Debussy. Inutile de dire que la séance sera rapidement complète, beaucoup de cinéphiles étant impatients d’écouter l’homme raconter son parcours et quelques anecdotes passionnantes.

(1) : Le scénariste du film était Paul Schrader, mais Robert De Niro aurait improvisé cette fameuse réplique. Il racontera peut-être l’anecdote lors de sa masterclass…

Crédits photos :
Palme d’Or – copyright L.Haegeli – FDC
Portrait de Robert de Niro, 2008 – Petr Novák, Wikipedia/ Wikimedia commons

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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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