Chalut les humains,

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais personnellement, j’avais adoré Shawn of the dead, joli mélange parodique de romance et de film de zombies, puis Hot Fuzz, hommage fendard aux blockbusters d’action musclée façon Michael Bay. La quintessence (1) de l’humour british mêlée avec une sincère geekitude (2) et un profond respect pour les genres abordés. A l’époque, j’en avais attribué tout le mérite à la mise en scène d’Edgar Wright, auteur du diptyque.

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Mais depuis, j’ai vu Scott Pilgrim, le nouveau film réalisé par Wright, un délire geek sympathique mais manquant un peu de punch, et le film qui nous intéresse aujourd’hui, Paul,  interprété par ses deux ex-acteurs-fétiches, Simon Pegg et Nick Frost. Et je me vois contraint de revoir ma position. A l’évidence, les deux acteurs (et scénaristes) sont clairement à l’origine du rythme, de la frénésie comique et du côté geek assumé qui faisaient le charme de Shawn of the dead et Hot Fuzz.

Paul, signé Greg Mottola (Supergrave), s’inscrit pleinement dans la lignée de ces deux films, fort du même humour potache et gentiment référentiel.
Après l’horreur zombiesque et le buddy cop movie, le binôme s’attaque cette fois à un nouveau genre, la science-fiction.

Paul - 7

Tout commence avec une rencontre du troisième type : En 19xx, près de la base de Roswell, une soucoupe volante s’écrase sur la truffe d’un clébard (bien fait!) sous les yeux larmoyants d’une fillette (bien fait!). 60 ans plus tard, Graeme et Clive, deux geeks anglais, se rendent en vacances aux Etats-Unis. Leur programme : assister au comic-con (3) puis parcourir le pays le long de la route des UFOs jusqu’à la fameuse base de Roswell.
En chemin, ils assistent à un accident de voiture spectaculaire dont le seul survivant est petit, avec une grosse tête et le teint gris… Hé, non, c’est pas Tom Cruise, bande de vilains ! Juste Paul, un “petit gris” qui s’est échappé du centre de recherches scientifiques de l’armée américaine… Hé, non, c’est pas un escargot transgénique, bande de nazes!
Ben c’est un extra-terrestre, quoi. Un E.T. qui veut rentrer chez lui. “Maison! Maison!” et tout et tout…

Paul - 3

Bon, évidemment, il a le look typique de l’extra-terrestre de Roswell, mais son comportement est plutôt inattendu.
Disons qu’il se la joue plutôt cool, pour un être doté d’une intelligence supérieure et de super-pouvoirs. Il fume, boit, jure comme un charretier et sort des vannes assassines. Autant dire qu’il préfère tailler la route avec ces deux grands gamins british qu’avec les men in black locaux, raides comme des piquets et sous les ordres d’une femme mystérieuse dont l’identité ne sera révélée que lors du final – on ne dira rien pour ne pas gâcher le plaisir… – et animée d’intentions pas très pacifiques.

Les costards-cravates aux trousses, Graeme et Clive n’ont d’autre choix que d’escorter Paul jusqu’au lieu où l’attendent ses congénères venus de l’espace. Ils trouveront du renfort en chemin, en la personne de Ruth, une file de pasteur aux faux-airs… d’Albator, version ultra-bigote et anti-darwiniste au possible, mais qui va se métamorphoser en une des héroïnes les plus euh… chaudes et les plus re-euh… malpolies de l’histoire de la SF. Ah, la géniale Kristen Wiig, parfaite dans ce rôle…

Paul - 5

Bon, soyons francs, le scénario de ce road-movie du troisième type ne brille pas par son originalité. Les péripéties sont quelques peu convenues et trop linéaires. A l’exception notable d’un ou deux twists aberrants, qui auraient constitué, dans n’importe quel film “normal”, un défaut rédhibitoire.
Mais voilà, Paul se veut avant tout un hommage parodique, et cette approche autorise autant le recours aux poncifs du genre qu’à l’utilisation de l’absurde à des fins humoristiques.
Pour le cinéphile amateur de SF, le charme du film vient avant tout des allusions aux classiques du genre. Certaines sont évidentes : à E.T., Rencontres du troisième type et sa mélodie à cinq notes, Alien, X-Files… D’autres plus subtiles, comme la musique de la cantine de Mos Eisley dans Star Wars, reprise dans un bar paumé du middle-west américain.
Oui, le film est avant tout une ode à la culture geek et aux oeuvres-cultes de la seconde moitié du XXème siècle, et les amateurs de ce genre de pelloche sympatoche y trouveront forcément leur compte.

Paul - 2

Mais que ceux qui ne connaissent pas par coeur les films précités se rassurent. Pas besoin de parler le klingon (4) pour apprécier le film. Paul est aussi une comédie familiale pleine d’humour gentillet et de bons sentiments, qui repose beaucoup sur les numéros de ses acteurs, dont celui, bien rôdé, du duo Pegg/Frost.
On apprécie les interventions de Jane Lynch en serveuse dévergondée, de Jason Bateman en méchant monolithique (au nom impayable de Lorenzo Zoil, pour les cinéphiles connaisseurs…), de Jeffrey Tambor en auteur de SF prétentieux, de Blythe Danner en vieille femme punchy ou de la paire de couillons Joe Lo Truglio/Bill Hader en agents du FBI neuneus.

Paul - 4

Plus terre-à-terre qu’OVNI cinématographique, Paul n’est clairement pas le meilleur film de la galaxie, mais c’est une petite comédie sympathique aux personnages attachants. De quoi passer un bon moment en apesanteur et oublier le stress du quotidien…

Tiens d’ailleurs, il faut que je vous laisse, j’vais me faire les griffes sur le canapé du salon, ça me calme les nerfs après une journée de dur labeur à ronfler sur mon coussin…

Pleins de ronrons cosmiques,
Scaramouche

paul scaramouche

(1) : Oui, j’emploie des mots compliqués, ça vous pose un problème ?
(2) : Oui, j’emploie des néologismes, ça vous pose un problème?
(3) : Le comic-con n’est pas un humoriste idiot mais la plus grande manifestation dédiée à l’univers des comics et Une sorte de grand-messe pour les geeks de tous poils…
(4) : Le klingon est une langue fictive inventée pour le film et la série Star Trek. Certains geeks la parlent couramment, comme Nick Frost dans Paul

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Paul Paul
Paul

Réalisateur : Greg Mottola
Avec : Simon Pegg, Nick Frost, Kristen Wiig, Jason Bateman, et la voix de Seth Rogen
Origine : Royaume-Uni, Etats-Unis, France, Espagne
Genre : road-movie + SF + parodie
Durée : 1h42
Date de sortie France : 02/03/2011
Note pour ce film : ●●●●

contrepoint critique chez :  Critikat

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2 COMMENTS

  1. Plutôt déçu (et j’ai apprécié les précédents Pegg/Frost ainsi que les Mottola).
    Comédie familiale, je trouve que c’est un terme assez osé quand on voit le nombre insensé de termes à ne pas glisser aux oreilles de nos chérubins. J’ai trouvé ça, assez déplacé. Et pourtant, je suis fana des comédies U.S. potaches du clan Apatow.

  2. Par  » comédie familiale », on pense plus ici à un film capable de fédérer les adultes ayant grandi avec les films référencés et des plus jeunes – ados ou pré-ados.
    Ceci dit, le langage est certes fleuri, mais en même temps, il n’y a pas de quoi fouetter un chat (hein, Scaramouche?). Les « chérubins » en disent presque autant dans les cours de récréation de nos jours…
    Ce n’est pas un film spécialement « pour enfants », mais ça me choquerait moins de voir des enfants face à ce type de film que face à « Black swan ». A la séance à laquelle j’assistais, une mère de famille à emmener ses deux filles, pensant voir un gentil film sur la danse. Euh, faut se renseigner un peu avant de venir, Madame…

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