D’une affaire d’espionnage ayant défrayé la chronique aux Etats-Unis, à la fin des années 1990, impliquant des citoyens cubain exilés à Miami.
Dans les années 1980, quelques citoyens cubains ont vu dans l’effondrement du bloc soviétique un possible affaiblissement du régime de Fidel Castro et ont décidé d’agir pour précipiter sa chute. Si certains sont restés sur place, d’autres se sont exilés en Floride afin d’y préparer des actions de guérilla anti-castriste. Parmi ceux-ci, on trouve René Gonzalez Sehweret (Edgar Ramirez), qui n’a pas hésité à abandonner sa femme Olga (Penelope Cruz) et sa fille pour défendre ses idéaux. Sur place, il rencontre les différents acteurs de la lutte anti-castriste, financée en partie par un trafic de drogue, et se lie d’amitié avec d’autres transfuges, comme Juan Pablo (Wagner Moura) et sa fiancée Ana Margarita (Ana de Armas) ou encore Gerardo (Gael Garcia Bernal).
Mais tous ne sont pas animés par les mêmes idéaux anti-révolutionnaires… Au sein de la communauté, une poignée d’individus appartiennent à un réseau baptisé “Wasp network”, regroupant des hommes fidèles à Fidel et chargés d’informer les services secrets cubains des plans d’action des exilés.
Pourquoi on n’a pas été piqués? :
Au niveau de la réalisation du film, il n’y a pas grand chose à redire. Comme toujours chez Olivier Assayas, la mise en scène est sobre, précise et efficace, les plans sont joliment composés et photographiés, et il sait parfaitement diriger ses comédiens, qui forment ici un ensemble homogène. Techniquement, c’est irréprochable.
Au niveau du contenu, en revanche, c’est beaucoup moins enthousiasmant. Avec un tel sujet, on pouvait s’attendre à une intrigue pleine de suspense et de mystère, laissant planer le trouble sur les personnages et leurs motivations. Mais le scénario s’avère finalement assez plat, sans surprises et presque sans enjeux. Le cinéaste amorce bien quelques arcs narratifs capables de dynamiser la narration – la participation de René à un trafic de drogue, le train de vie suspect de Juan Pablo, l’organisation d’une série d’attentats à La Havane – mais c’est pour mieux les abandonner en chemin. Et l’identité des membres du réseau Wasp est dévoilée à mi-parcours, ce qui tue définitivement tout suspense.
L’idée d’Assayas n’était probablement pas de réaliser un thriller d’espionnage, mais de dépeindre la problématique cubaine selon un angle plus intimiste, plus humain, et de se centrer sur la figure centrale de son oeuvre : le couple, confronté à l’usure du quotidien ou aux aléas de l’existence. Le véritable sujet du film est le couple formé par René et Olga, brusquement séparé par une barrière idéologique. Lassé des conditions de vie misérables à Cuba, René a choisi de s’exiler et de combattre le régime en place. Olga, en phase avec les idées révolutionnaires, a refusé de le suivre, même si, au pays, elle doit assumer la honte d’être l’épouse d’un traître. Ces deux êtres sont toujours amoureux l’un de l’autre, mais leur couple ne résiste pas aux secrets, aux mensonges et à cette fracture idéologique profonde, qui les sépare tant physiquement que moralement. L’autre couple du film, celui formé par Juan Pablo et Ana Margarita, deux exilés cubains jeunes, beaux et riches, semble initialement beaucoup mieux loti, mais finira lui aussi par être mis à l’épreuve des divergences politiques et idéologiques. Le problème, c’est que tout cet aspect du film se retrouve dilué dans le scénario et que le spectateur n’a jamais vraiment l’occasion de s’attacher aux personnages, notamment aux personnages féminins, insuffisamment développés. Les séquences s’enchaînent sans véritable liant, sans relief.
Wasp network est un film bancal qui semble constamment hésiter entre les options narratives offertes par son matériau d’origine, le livre de Fernando Morais, “Os ultimos soldados da guerra fria”, et le fait divers dont il s’inspire, l’affaire des “5 de Miami”, et ne parvient finalement pas à en traiter une de façon satisfaisante. Malgré ses qualités artistiques indéniables, il n’est pas certain qu’il laisse un souvenir mémorable aux spectateurs.
Angles de vue différents :
”N’importe quel film de troisième catégorie et n’importe quelle série est mieux ficchu qu’un film d’Olivier Assayas. comment expliquer sa présence à Venise? Penelope Cruz? »
(Jean-Christophe Ferrari, Transfuge)
”Wasp network is great. A fun trip into espionnage, deceit and politics. It’s bloated and convoluted but the story is brilliant and it’s gorgeously made.”
(Awais Irfan, Twitter)
Prix potentiels ? :
Tous les prix qu’on aurait pu lui remettre ont été intercepté par un agent double, dommage…
Crédits Photos :
Copyright Olivier Assayas / Orange Studio