Chalut les p’tis humains,
J’ai enfin compris pourquoi je suis votre idole. C’est parce qu’au fond de vous, même si vous chouinez un peu à leur évocation, vous kiffez les monstres. Et que moi, je suis le Monstre Ultime, celui qui fait peur à tous les coups, quand je bondis sournoisement sur le lit des honnêtes gens, la nuit, toutes griffes dehors, en poussant ce cri sinistre “Miaooooooooooh”. Hé hé, avouez, là, vous flippez.
Mais vous savez, même si j’ai cet instinct de prédateur impitoyable de naissance, grâce à mon origine féline, je ne suis pas arrivé à ce degré de maîtrise sans un minimum d’efforts. J’ai étudié la Terreur à la Monstres Academy, la plus prestigieuse fac du pays (loin devant la très surfaite Territechnique).
Comme Jacques Sullivan et Bob Razowski, le binôme de choc de Monstres & cie. C’est d’ailleurs là qu’ils se sont rencontrés et qu’ils sont devenus les meilleurs amis du monde. Mais saviez-vous qu’au tout début, Bob et Sulli se haïssaient?
Le nouveau film des studios Pixar, Monstres Academy, revient sur les causes de cet antagonisme et comment les deux personnages ont réussi à le surmonter pour devenir les employés-modèles de l’usine à cauchemars.
Tout remonte à leur entré à la fac, dans le département “Terreur”, administré par l’impressionnante Abigail Hardscrabble.
Jacques s’est inscrit tout naturellement dans cette branche, pour laquelle il a quelques dispositions. OK, il a un pelage bleu-vert strié de mauve, plus chou qu’effrayant, mais il possède une carrure impressionnante, des cornes de démon, des crocs acérés, des griffes pointues et peut pousser des rugissements dont la puissance feraient passer un lion baryton muni d’un mégaphone pour un chaton asthmatique. Et puis, il a de qui tenir. Son père était une des “Terreurs d’élite” les plus respectée du pays. Alors il envisage l’avenir sereinement, sans stress ni efforts.
Pour Bob, l’affaire est plus compliquée. Il n’a pas grand chose de terrifiant, avec sa taille de nabot, son côté rondouillard, ses mini-crocs et sa couleur verte, sorte de version obèse des petits hommes verts de Toy Story. Et personne ne l’a jamais pris au sérieux. Ni ses anciens professeurs, ni ses anciens camarades.
Mais voilà, Bob est prêt à tout pour accomplir son rêve : devenir terreur d’élite chez Monstres & cie. Alors il s’accroche, persévère, brave les sarcasmes des grands monstres…
Contre toute attente, il s’impose comme l’un des meilleurs élèves de sa promotion, et entre en rivalité avec Sulli. Entre les deux, le courant ne passe pas du tout. Ils méprisent totalement l’approche de l’autre. Sullivan fonctionne à l’instinct. Il ne voit pas l’intérêt d’étudier les aspects tactiques et techniques des attaques commando pour effrayer les enfants humains puisqu’il lui suffit d’être lui-même et de pousser un grognement féroce pour leur filer la frousse de leur vie. Razowski, lui, n’a pas ce don. En revanche, il connaît tous les bouquins par coeur, est expert en tactiques et n’a peur de rien.
Mais à force de se disputer pour le leadership de leur promotion, ils finissent par attirer l’attention de la directrice, qui les renvoie illico pour indiscipline et maîtrise insuffisante des mécanismes de terreur, niveau théorique pour Jacques, niveau pratique pour Bob.
Mutés au département d’apprentissage de la fabrication des portes vers le monde des humains, les deux étudiants dépriment complètement et continuent de se détester. Mais un évènement va finir par les rapprocher : les “Jeux de la peur”, organisés au campus par les fraternités étudiantes. Chaque association étudiante a le droit de participer à ces épreuves, sorte d’Intervilles de la Peur, sans vachettes, mais avec la même obligation de se servir autant de sa tête que de ses muscles. Bob intègre la Confrérie des Oozma Kappa, jugée comme étant la moins populaire et la plus ringarde de la fac, et les inscrit pour la compétition. il lance alors un défi à Miss Hardscrabble : Si les Oozma Kappa remportent les jeux, elle devra les accueillir dans sa classe de Terreur. Sinon, ils seront tous virés de l’université.
La vieille prof accepte le challenge. Elle est persuadée que ce gringalet de Razowski ne terrifiera jamais personne et que la puissante confrérie des ROR ne va faire qu’une bouchée de cette équipe de loosers, comprenant un senior moustachu bedonnant et tentaculaire, un ado rondouillard à six yeux, deux frères siamois et un truc en arc bizarroïde à poils mauves. Et encore faut-ils qu’ils soient autorisés à concourir, vu qu’il leur manque un membre pour être au complet.
Sulli se propose spontanément. De toute façon,il ne peut pas tomber plus bas. Dans le meilleur des cas, Bob et lui seront de nouveau admis en classe de terreur et reprendront leur lutte pour le leadership de la discipline. Alors, autant essayer de relever le défi.
L’aventure va évidemment rapprocher tout ce petit monde, célébrant l’amitié plutôt que la haine, la solidarité plutôt que la rivalité, vantant la valeur de l’effort et du travail, et les bienfaits de la patience.
P’tits humains, vous allez kiffer cette histoire initiatique, qui n’oublie ni d’être drôle, ni d’être émouvante. Et vos parents aussi, parce que ça va vous apprendre plein de trucs utiles sur la vie et le passage à l’âge adulte, tout ça, dans la lignée des films PIxar…
Monstres Academy véhicule en effet une belle morale autour de la place que chacun doit tenir dans la société. Chacun a ses propres qualités, ses propres défauts et peut se rendre utile à la collectivité en exerçant les tâches pour lesquelles il est le plus doué. Il ne s’agit pas de renoncer à ses rêves et ses objectifs. Au contraire, le film montre qu’il est toujours noble de se battre pour atteindre son but et gagner le respect des autres par la persévérance et le travail. Simplement, il dit qu’il faut aussi savoir accepter ses limites et prendre d’autres chemins pour avancer quand des obstacles insurmontables nous barrent la route.
Tenez, moi je voulais faire panthère noire. J’ai les griffes et les crocs pour jouer les animaux de la jungle, mais on m’a jugé trop petit. Du coup, je suis critique-vedette chez Angles de vue, j’ai ma gamelle quotidienne de bouffe trois étoiles, le canapé pour faire la sieste peinard, et plein de fans qui m’adulent et veulent me faire câlins et papouilles. Que demande le peuple?
Tiens en parlant de sieste, ça va bientôt être l’heure. Alors finissons-en de cette critique.
Monstres Academy est un beau film sur le fond, mais aussi sur la forme, avec ses personnages attachants, ses décors colorés et truffés de détails rigolos, son animation fluide. Il bénéficie d’un doublage soigné, tant en VO qu’en VF, et d’une musique entraînante.
Bref, toutes les qualités que l’on attend d’un film estampillé Pixar. De quoi plaire aux petits monstres, aux enfants sages et à leurs parents. Alors on sait que ce sont les vacances, mais zou, tout le monde à l’école des Monstres!
Bon là, il faut vraiment que je vous laisse. Sieste impérative pour être en forme cette nuit. Je veux tenter une nouvelle approche du lit de mon maître, en mode poil hérissé et miaulement rauque. Hi hi, il va vraiment flipper, le pauvre!
Pleins de monstrueux ronrons,
Scaramouche
_______________________________________________________________________________
Monstres Academy Monsters UniversityRéalisateur : Dan Scanlon Avec les voix de : Billy Crystal, John Goodman, Helen Mirren (VO), Eric Métayer, Xavier Fagnon (VF) Origine : Etats-Unis Genre : nos années campus Durée : 1h44 Date de sortie France : 10/10/2012 Note pour ce film : ●●●●●○ Contrepoint critique : Libération |
______________________________________________________________________________