8 août 1944. Des officiers allemands en fuite se retrouvent piégés dans le village de Ruiflec  (1) et se font massacrer par des entités spectrales.

8 août 2008. Un groupe d’amis part passer le week-end dans la maison des grands-parents de l’un d’entre eux, toujours à Ruiflec. Juste à l’entrée du village, ils ont un accident et la moitié du groupe disparaît. Les autres partent à leur recherche. Mais, dès qu’ils pénètrent dans ce village désert, ils se rendent compte que quelque chose ne tourne pas rond. Pour tenter de sortir vivants de ce lieu maudit, il leur faut comprendre ce qui s’est passé ici dans le passé, et trouver ce que veut l’esprit malin qui hante le village… La nuit va être longue et douloureuse…

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On ne reprochera certainement pas aux jeunes réalisateurs de tenter de dynamiser le cinéma fantastique hexagonal. Les propositions d’oeuvres respectueuses du genre se multiplient, touchent à différents domaines – horreur gore ou suggestive, réaliste ou surnaturelle… – et ne nourrissent aucun complexe face aux productions américaines. Il y a de l’énergie et de l’envie chez ces passionnés, et c’est tant mieux !

Mais les bonnes intentions n’ont jamais suffi à donner de bons films, et trop souvent, hélas, les longs-métrages horrifiques français souffrent de défauts assez rédhibitoires : moyens financiers trop restreints pour soigner le visuel et les éventuels effets spéciaux, scénarios indigents dont tous les rebondissements sont téléphonés, jeu d’acteur médiocre et peu crédible…

Premier long-métrage de Fouad Benhamou, Le Village des ombres n’échappe pas à la règle. Le scénario, qui lorgne ouvertement du côté des films de fantômes espagnols (L’échine du diable de Guillermo del Toro, L’Orphelinat de Juan Antonio Bayona ou Darkness de Jaume Balaguero) (2) était plutôt ambitieux, plein de promesses. Mais l’auteur a voulu traiter de trop de sujets en même temps, que ce soit au niveau de l’intrigue fantastique (drame historique ésotérique, malédiction cyclique, spectre revanchard,…) que des relations entre les personnages (relation conflictuelle entre les deux héroïnes, deux soeurs, maternité contrariée, trauma enfantin lié à un don médiumnique,…).
Ca part carrément dans tous les sens…

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Mais cela ne porterait pas vraiment à conséquence si le montage ne venait compliquer les choses en mixant flashbacks et flashforwards de toutes sortes. L’objectif était sans doute de dérouter le spectateur. Le résultat est des plus mitigés. Effectivement, on se retrouve perplexes devant ce fatras d’images assemblées au petit bonheur la chance, mais on devine assez aisément, à partir des bribes d’éléments communiquées, quels vont être les rebondissements du script, voire même le dénouement… Aïe… Quand on joue la carte de la suggestion et d’un fantastique “atmosphérique” (3), c’est fâcheux…

Pour une première mise en scène, il aurait fallu rester sobre et “classique”, capitaliser sur une ambiance qui fait lentement monter la tension et qui dévoile le mystère au fur et à mesure. Mais quand on dévoile dès le prologue l’aspect foncièrement surnaturel du récit, que l’on fait étrangement disparaître – faute de moyens ? – la moitié des personnages au bout d’un quart d’heure de film et que ceux qui restent ne sont même pas correctement développés, c’est évidemment plus difficile, et même impossible…

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Pour couronner le tout, les acteurs sont assez médiocres – pour ne pas dire mauvais. On ne s’attache à aucun des protagonistes. On ne croit pas un instant à leurs problèmes métaphysiques ou à leur pseudo-traumas.
Certains comédiens sont si mauvais dans leur numéro de cabotinage que l’on se demande par quel sortilège malfaisant ils ont obtenu le droit de jouer dans ce film… (Par élégance, nous tairons les noms des coupables…).
Les autres font ce qu’ils peuvent, mais s’enlisent dans des situations et des dialogues parfaitement indigents. Pauvre Christa Theret, qui pensait passer un cap dans sa jeune carrière en changeant de registre. Désolé, mais si on avait plutôt apprécié son naturel dans Et toi, t’es sur qui ? ou dans LOL, elle n’est ici pas franchement à son avantage…

La seule qui parvient à tirer son épingle du jeu, c’est Bárbara Goenaga, qui réussit à donner un minimum de densité à son personnage malgré un rôle bizarrement sacrifié en cours de route. Ah oui, tiens, il faudra que le cinéaste nous explique pourquoi il a axé l’une des scènes introductive – jolie scène, d’ailleurs, de rencontre paranormale – autour de ce personnage, pour ne plus du tout, ou alors très mal,  explorer cette voie narrative par la suite… C’est stupide…
N’empêche, la belle actrice réussit le petit miracle de rester crédible de bout en bout, du moins tant que son personnage est autorisé à rester dans l’aventure…

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Comme quoi, on peut garder espoir dans le cinéma fantastique made in France… Ah ?!? La demoiselle est espagnole? Au temps pour nous…
Finalement, la logique est respectée. On ne peut que constater le fossé qui nous sépare du cinéma de genre espagnol. Voilà des gens qui savent y faire pour créer des ambiances angoissantes, pour forcer l’adhésion du public aux personnages, pour utiliser les mécanismes de terreur de manière efficace.
Fouad Benhamou doit s’être inspiré de leur travail ? C’est louable, mais il lui reste encore un long chemin à parcourir pour arriver à leur niveau… On ne saurait que trop lui conseiller de voir et revoir les classiques des jeunes prodiges espagnols, et d’en comprendre parfaitement les astuces avant de se relancer dans un projet cinématographique similaire.

Comprenez-nous bien, il ne s’agit pas ici de dénigrer un cinéaste manifestement respectueux du genre et animé par une réelle passion du cinéma, mais de défendre un certain niveau d’exigence qualitative.
Nous préférerions que le cinéma français propose un peu moins de films fantastiques et d’horreur, prenne le temps de développer des projets consistants plutôt que d’enchaîner les sorties de petits films bâclés, ou tout du moins inaboutis, comme cela a été le cas ces deux dernières années (La Meute, Djinns, Humains…) (4).
Sortir des oeuvres médiocres, voire franchement ridicules, cela décrédibilise totalement le genre en France, et décourage les investisseurs de financer des projets autrement plus ambitieux, et potentiellement intéressants.

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Alors, oublions bien vite ce Village des ombres de piètre facture – sauf d’un point de vue esthétique, le visuel ayant été assez soigné – et rappelons nous que sur un thème pas si éloigné, Franck Laugier, l’un des meilleurs spécialistes du fantastique hexagonal, nous offrait le très beau et très flippant Saint Ange

(1) : Ruiflec est un anagramme de Lucifer…
(2) : Ajoutons aussi une pointe de Brigadoon ou plutôt de 2000 maniaques, pour le côté village fantôme…
(3) : le terme “fantastique atmosphérique” s’utilise pour désigner  des oeuvres
reposant plus sur l’ambiance, le décor, que sur les effets horrifiques-chocs.
(4) : Humains reste malgré tout loin, loin devant au hit-parade des nanars… Il faut dire ce qui est…

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Le Village des ombres Le Village des ombres
Le Village des ombres

Réalisateur : Fouad Benhamou
Avec : Christa Theret, Bárbara Goenaga, Ornella Boulé, Jonathan Cohen, Cyrille Thouvenin, Nicolas Marié
Origine : France
Genre : l’ombre d’un bon film fantastique
Durée : 1h43
Date de sortie France : 17/11/2010
Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Excessif

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