Ceux qui ont lu le “Quatuor de Los Angeles” (1) de James Ellroy connaissent bien Mickey Cohen.
L’homme, après une carrière de boxeur, puis une formation mafieuse à Cleveland, New York et Chicago, à l’époque d’Al Capone et de la prohibition, travailla auprès de Bugsy Siegel à Los Angeles et Las Vegas, puis, pendant les années 1940/1950, régna sans partage – ou presque – sur la pègre de Los Angeles , où il faisait la pluie (de sang) et le beau temps. Ses méthodes, brutales et expéditives, et sa politique de constante expansion du “business” en firent un homme craint aussi bien par les notables locaux que par les grands pontes de la Mafia. Pendant longtemps, il ne fut inquiété ni par ses rivaux criminels, ni par la police, hautement corrompue. Même quand le chef de la police de Los Angeles, William Parker décida de s’attaquer à lui, il parvint à éviter toutes les condamnations auxquelles il était promis, hormis un bref passage en prison pour “évasion fiscale”. Le chef de la police californienne décida alors d’employer la manière forte et de mener une véritable guérilla contre cet encombrant caïd…
Cette confrontation, et la chute du truand, à l’orée des années 1960, ont inspiré un roman à Paul Lieberman (2) et aujourd’hui un film, Gangster squad, écrit par Will Beallet réalisé par Ruben Fleischer.
On y voit le chef Parker (Nick Nolte) solliciter un flic intègre et pugnace, le sergent O’Mara (Josh Brolin) pour monter une équipe-commando destinée à contrecarrer toutes les entreprises illégales de Mickey Cohen (Sean Penn avec un faux-nez), par la force si nécessaire.
O’Mara s’entoure d’hommes de terrains connus pour leur acharnement à combattre le crime, comme Coleman Harris (Anthony Mackie) ou Navidad Ramirez (Michael Peña), ou pour leurs aptitudes exceptionnelles comme le meilleur tireur de l’Ouest, Max Kennard (Robert Patrick) ou l’expert en écoutes Conwell Keeler (Giovanni Ribisi). Le groupe est vite rejoint par le sergent Jerry Wooters (Ryan Gosling), dont les liens avec certaines personnes du camp adverse – il fricote avec la poule de Cohen (Emma Stone) et est ami avec Jack Whalen, son garde du corps – peuvent s’avérer utiles…
Evidemment, Cohen, qui prépare un coup qui lui permettrait d’asseoir définitivement son pouvoir sur la zone ouest des Etats-Unis, n’est pas spécialement disposé à se laisser embêter impunément… Il va y avoir du sang de versé…
Ne vous attendez pas à la même intensité narrative que dans les romans d’Ellroy cités plus haut. Gangster squad n’en possède ni la richesse psychologique, ni la noirceur, hélas. En fait, il lorgne beaucoup plus du côté de Brian De Palma et de ses Incorruptibles, qui racontait l’affrontement d’Eliott Ness et d’Al Capone. Même intrigue manichéenne avec d’un côté les bons policiers et de l’autre les méchants gangsters, même casting prestigieux pour les mêmes numéros de cabots tant chez les flics (Josh Brolin, plus monolithique que jamais) que chez les truands (Sean Penn, en roue libre)… Simplement, Ruben Fleischer ne maîtrise pas la mise en scène aussi bien que De Palma, et la réalisation ne parvient pas à masquer les lacunes d’un scénario manquant cruellement de finesse, à l’instar des méthodes de cette équipe de choc, dont la stratégie principale consiste à foncer dans le tas tête baissée. On aurait bien envie de passer de l’autre côté de l’écran pour mettre des claques à tout ce beau monde et leur demander de faire preuve d’un peu plus d’intelligence et de subtilité…
Cela dit, Gangster squad reste un divertissement honorable grâce à son reconstitution d’époque soignée et aux morceaux de bravoure qui jalonnent le récit.
A noter, au passage, que le clou du spectacle aurait dû être une spectaculaire fusillade dans un cinéma de Chinatown, mais que la tuerie d’Aurora a obligé la production à supprimer la scène et la remplacer par l’explosion d’un camion-piégé.
Les acteurs assurent le métier et permettent de s’attacher un tant soit peu à ces personnages assez mal dégrossis, même si on peut trouver qu’ils ne font que le minimum syndical, comme Ryan Gosling, en mode flegmatique post-Drive ou Robert Patrick, qui se paie le luxe de nous faire une mort à la Marion Cotillard – Argh! Et puis soulignons le mérite d’Emma Stone, convaincante en femme fatale, et de Mireille Enos, idem en femme de flic inquiète, qui apportent une touche de charme et de douceur bienvenue à cet univers essentiellement masculin.
Les inconditionnels des films de gangsters et les amateurs de films d’action basiques y trouveront probablement leur compte. Les autres peuvent économiser le prix de la place de cinéma et se (re)plonger dans les bouquins d’Ellroy…
(1) : “Le Dahlia noir”, “Le Grand Nulle part”, “LA Confidential” et “White Jazz”, de James Ellroy – éd. Rivages Noir
(2) : “Gangster squad” de Paul Lieberman – éd. Michel Lafon
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Gangster squad Gangster squad Réalisateur : Ruben Fleischer Avec : Josh Brolin, Sean Penn, Ryan Gosling, Emma Stone, Nick Nolte, Anthony Mackie, Giovanni Ribisi Origine : Etats-Unis Genre : Les N’incorruptibles Durée : 1h53 Date de sortie France : 06/02/2013 Note pour ce film : ●●●○○○ Contrepoint critique : 20 minutes |
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