Ah! Ce n’est pas beau de vieillir!
En avançant en âge, on s’aperçoit que l’on fatigue plus vite, que l’on est moins efficace qu’avant. On commence à connaître des petits pépins physiques, et les capacités intellectuelles déclinent doucement.
Et plus on prend de la bouteille, plus on s’aperçoit qu’il est impossible de faire certaines choses, malgré la volonté intacte de les faire… Soit pour des problèmes d’incapacité physique ou mentale, soit à cause du regard que l’on porte sur vous.

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Prenez Jean (Guy Bedos), le militant de gauche qui a toute sa vie lutté pour les autres, soit en s’engageant dans les combats sociaux, soit en participant à des missions humanitaires. Il a toujours cette révolte en lui, cette envie d’aider ses camarades, de s’opposer à l’injustice, l’intolérance et les abus de pouvoir, mais on le range peu à peu au placard. Les CRS ne veulent pas passer à tabac l’insolent vieillard de peur de lui briser les os, mais n’hésitent pas à brusquer femmes et enfants. L’association humanitaire à laquelle il contribuait depuis des années refuse qu’il parte en mission avec eux, car les assurances refusent de courir le risque… Jean a l’impression de ne plus servir à rien, et a bien peur de s’ennuyer maintenant qu’on le prive de ses activités militantes.
Cet ennui, sa femme Annie (Geraldine Chaplin) l’éprouve déjà depuis un petit moment. Elle se lamente de ne plus voir suffisamment ses petits-enfants et réfléchit de plus en plus à la construction d’une piscine dans le jardin, à la place du potager en friche, pour attirer les charmants bambins.

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Mais eux ont encore la chance d’être en bonne santé, ce qui n’est pas le cas de leurs amis Albert (Pierre Richard) et Jeanne (Jane Fonda).
Le premier présente des signes de plus en plus évidents de la maladie d’Alzheimer et décline de jour en jour. La seconde s’inquiète de cette situation et, pour s’occuper de lui, néglige sa propre santé, alors que l’on devine qu’elle est elle-même rongée par une grave maladie…
Quant à Claude (Claude Rich), le célibataire de la bande, il semble en pleine forme, continuant à réaliser des photos érotiques de jeunes femmes et à mener une vie sexuellement (hyper)active. Mais son palpitant donne quand même de sérieux signes de faiblesse.

La médecine a beau avoir progressé, elle ne parvint pas à enrayer le plus ou moins lent processus de dégénérescence physique et/ou mentale qui finit inexorablement par frapper les personnes âgées. Elle le retarde juste.
Et cette accroissement de l’espérance de vie pose naturellement la question de la dépendance des seniors et des structures permettant de leur assurer une fin de vie digne et heureuse.
Les maisons de retraite sont trop rares et trop coûteuses. Elles manquent parfois de moyens et de personnel.
Et même quand ces établissements sont sérieux et accueillants, les occupants en relative bonne santé sont quand même obligés de cohabiter avec des pensionnaires séniles ou mourantes. Pas vraiment le cadre de vie le plus réjouissant…

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Quand Claude finit par être victime d’un AVC, il est placé en maison de repos et son fils semble prêt à l’y laisser de façon permanente. Devant sa détresse et le déclin d’Albert, Jean décide de proposer à ses amis de vivre tous ensemble, en groupe, dans sa grande maison de banlieue, afin d’être solidaires face à la vieillesse. Un jeune étudiant en sociologie (Daniel Brühl) accepte de leur rendre quelques petits services au quotidien en échange d’une petite rémunération et du droit à observer la mise en place de cette vie en communauté, pour l’aider à finaliser sa thèse sur les personnes âgées en Europe…

Cette trame scénaristique donne une sympathique comédie dramatique, aux dialogues ciselés et aux situations cocasses, qui flirte autant avec le burlesque – les catastrophes causées par Pierre Richard, éternel distrait, mais cette fois-ci pour une raison plus grave – qu’avec le mélodrame poignant.
Certes, la mise en scène, purement illustrative, de Stéphane Robelin n’est pas des plus transcendantes. Elle manque un peu de peps au regard des performances des comédiens, devenus trop rares sur nos écrans, qui se livrent ici à de grands numéros sans jamais chercher à voler la vedette aux autres.
Mais le cinéaste arrive cependant à traiter son sujet sans tabous, en abordant bon nombre de problèmes rencontrés par les personnes âgées, mais sans trop verser dans la compassion et l’émotion facile. Ses personnages ont pris de l’âge, ont des petits – ou des gros – pépins physiques, mais restent encore bien vivants, capables de coups de gueule ou de coups de coeur, d’étreintes amicales et d’empoignades tumultueuses… Ils n’ont pas vraiment changé, en somme. Ce sont des gens ordinaires qui veulent continuer à profiter de la vie et de ses petits bonheurs, qui peuvent apporter aux jeunes leur expérience, leur savoir-faire et leur savoir-vivre… Leur apprendre, par exemple, à apprécier un grand vin plutôt qu’un coca millésimé et à choisir une pièce de boeuf plutôt que de se goinfrer d’espèces menacées servies en sushis…

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Mais ils sont aussi ces étudiants révoltés de mai 1968, qui croyaient qu’ils allaient changer le monde, qui croyaient à la force du collectif, à l’amour libre, à l’égalité sociale… Et finalement, après être rentrés dans le rang, après avoir vu la société évoluer vers plus d’individualisme que jamais, ils se donnent l’opportunité de réaliser un de leurs rêves de jeunesse : la vie en communauté, sans contraintes.
Une situation qui n’est pas sans heurts, parfois, mais qui leur permet de vivre plus sereinement leur vieillesse, en sachant qu’ils peuvent compter sur la solidarité sans faille des uns et des autres et des liens amicaux forts qui les unit.

Ce faisant, le cinéaste appuie une idée qui fait son chemin, celle d’un type d’hébergement pour personnes âgées à taille plus modeste que les maisons de retraite, sans personnel permanent, mais avec des aides à la personne pouvant intervenir rapidement, et jouant sur la solidarité des personnes âgées les plus autonomes. Un système qui permet aux seniors de pouvoir continuer à vivre de manière autonome plus longtemps, chez eux.
Là, on n’est plus dans l’utopie mais le concret, et cela pourrait bien inspirer certaines personnes âgées, inquiètes de l’environnement dans lequel elles devront finir leurs jours.

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Alors oui, Et si on vivait tous ensemble?, avec sa mise en scène assez plate, n’est sans doute pas le chef d’oeuvre de l’année, mais le long-métrage de Stéphane Robelin a le mérite d’exister et d’aborder un sujet assez peu traité au cinéma, celui de la dépendance des personnes âgées et du manque de structures leur permettant de vivre dignement jusqu’à leur mort. Et c’est aussi un film tout simple, mais efficace, qui donne souvent le sourire et arrache même quelques larmes en final, tout en donnant à des acteurs que l’on a adoré jadis l’occasion de se mettre en valeur et de nous prouver que le temps n’a rien altéré de leur talent.

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Et si on vivait tous ensemble Et si on vivait tous ensemble?
Et si on vivait tous ensemble?

Réalisateur : Stéphane Robelin
Avec : Jane Fonda, Géraldine Chaplin, Guy Bedos, Daniel Brühl, Claude Rich, Pierre Richard
Origine : France, Allemagne
Genre : Les vieux copains d’abord
Durée : 1h36
Date de sortie France : 18/01/2012
Note pour ce film : ●●○○
contrepoint critique chez : L’Express

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