Deuxième partie de notre compte-rendu de Beaune 2015, avec au programme la tentative d’infiltration ratée d’un jeune cinéaste néerlandais, un jeune romancier ému, un fusil qui s’enraye. Un Brasseur et de la Bier. Mais aussi des vignerons et du vin. Et de la fondue pour les fondus de cinéma…
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L’Affaire du cinéaste undercover qui voulait infiltrer les salles françaises
Accusé : Shariff Korver, cinéaste néerlandais, auteur de The Intruder
Date du délit: le 26 mars 2015 vers 11h
Lieu du délit : Salle du Clos des Mouches, Cap Cinéma, Beaune
Résumé de l’affaire :
Shariff Korver est un jeune cinéaste ambitieux. Avec The Intruder, il a probablement cherché à frapper fort d’entrée, offrant aux spectateurs une intrigue de polar noire et implacable, mais cherchant aussi à inscrire son long-métrage dans un contexte social fort.
Il a construit son récit autour de Samir, un homme né en Hollande d’un père marocain et d’une mère batave. Un pédigrée qui ne lui laisse que bien peu de chances de réussir dans une société un brin xénophobe. Pourtant, le jeune homme a décidé d’atteindre rapidement un poste de haut-gradé dans la police néerlandaise. Et il y réussit plutôt bien, jusqu’au jour où il commet une erreur. La sanction est immédiate. Il est suspendu de ses fonctions.
Un des grands pontes de la police lui propose alors de se racheter en acceptant une mission d’infiltration. Son objectif : approcher et gagner la confiance d’un clan de trafiquants de drogue d’origine marocaine, pour pouvoir les prendre en flagrant délit.
Au fur et à mesure, Samir trouve auprès du clan la famille qui lui a toujours manqué, s’attache à ses nouveaux “frères” et réalise que ses collègues policiers ne sont pas aussi irréprochables qu’ils n’y paraissent. Alors qu’approche le coup de filet de la police, il s’interroge sur la conduite à adopter…
Sur le papier, le scénario pouvait donner quelque chose d’intéressant, mais à l’écran, le résultat est décevant. Le public a reçu avec un ennui poli le film de Shariff Korver, et sa tentative d’infiltrer les salles obscures françaises est un échec total.
Doit-on raccompagner le cinéaste à la frontière en le tançant pour sa ridicule tentative d’intrusion?
Réquisitoire du Procureur Général Boustoune, cireur de parquet :
Shariff Korver est coupable d’avoir complètement saboté le potentiel de son scénario, en y incluant des scènes inutiles, voire incompréhensibles – comme la dernière rencontre entre Samir et sa mère, alors que le flic est en pleins préparatifs pour le coup de filet final – alors qu’il ne développe pas assez les aspects intéressants de son intrigue, à commencer par la relation complexe qui se noue entre Samir, Abdel et Bourhim, les chiens fous du clan de truands marocains.
De façon totalement absurde, il n’exploite pas du tout les idées mises en place au cours du récit. Par exemple, pourquoi laisser supposer que le chef de clan peut facilement griller la couverture de Samir en l’interrogeant précisément sur son village d’origine si l’idée est ensuite gentiment rangée dans les placards? Pourquoi développer le personnage de la fille du caïd local, dont Samir tombe amoureux, pour ne rien en faire après coup?
Le scénario, donc, est plombé par de sérieuses lacunes.
La mise en scène ne vaut guère mieux. Oh, ce n’est pas mauvais, loin de là. Mais le style manque cruellement de personnalité, d’ampleur et d’inventivité. On se retrouve avec une histoire somme toute assez classique, déjà vue mille fois ailleurs, en mieux. Et comme la mise en scène n’est pas à la hauteur, on s’ennuie à mourir…
Au rayon des circonstances atténuantes, on peut noter que le film a le mérite de montrer les individus que la société aime à rejeter dans la marge, surtout en ces temps troublés où l’immigré musulman est forcément soupçonné de terrorisme ou de grand banditisme, et qu’il offre à des acteurs issus de l’immigration l’occasion de briller. Si on devait essayer de sauver quelque chose du film, ce serait bien la performance de Nasrdin Dchar, excellent dans le rôle principal, et celles de ses accolytes, Walid Benmbarek et Rachid El Ghazaoui.
Nous ne demandons pas le bannissement du film. Un petit polar indépendant néerlandais a de toute façon bien peu de chance de s’imposer sur les écrans hexagonaux. Nous ne demandons pas non plus l’interdiction d’exercer pour Shariff Korver. L’homme a sûrement le potentiel pour réaliser des films d’une autre envergure. Mais il va lui falloir travailler pour peaufiner ses scénarios et affirmer son style de mise en scène…
Verdict :
Condamné à rester un simple film de festival ou à bénéficier d’une sortie en catimini.
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L’Affaire du méli-mélo danois
Accusée : Susanne Bier, cinéaste danoise, auteure de Une seconde chance
Date du crime : le 26 mars 2015 vers 14h
Lieu du crime : Salle du Clos des Mouches, Cap Cinéma, Beaune
Acte d’accusation :
Susanne Bier est accusée d’avoir fait mourir d’ennui les spectateurs avec son nouveau long-métrage, Une seconde chance.
Elle est aussi accusée d’avoir servi un scénario particulièrement lourd, plombé par une certaine propension au mélodrame.
Réquisitoire du Procureur Boustoune, mâcheur de Stimorol :
Déjà, avec un nom pareil, la cinéaste devrait être bannie illico d’une ville où la boisson-reine est le vin. Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, Messieurs les
Jurés, c’est son film, Une seconde chance, faux thriller mais vrai mélodrame, qui assomme plus qu’il ne fait frémir.
On suit les déboires d’Andréas (Nikolasj Coster-Waldau) et de son épouse Anna (Maria Bonnevie), qui viennent tout juste d’avoir leur premier enfant après des années de tentatives infructueuses. Ils sont à la fois enchantés et épuisés, car l’enfant est souvent agité, pleurant non-stop. Le seul moyen de le calmer est de l’emmener faire un tour en voiture ou de poussette, même au milieu de la nuit. Andreas s’y colle volontiers. En tant que flic, il voit tellement d’horreurs commises sur les enfants qu’il ne peut rechigner à s’occuper de son fils.
Et soudain, c’est le drame…
Anna se réveille au milieu de la nuit et réalise que son bébé ne respire plus, sans doute victime du syndrome de la mort subite du nourrisson. Alors, elle perd à moitié la tête, refusant d’admettre que le bébé est décédé. Elle menace même de se suicider si son mari lui retire l’enfant des bras. Dévasté, Andréas décide sur un coup de tête d’échanger le corps de son bébé défunt contre le nourrisson d’un couple de junkies qu’il avait essayé, en vain, de faire condamner pour maltraitance d’enfant. Il table sur le fait que les deux drogués sont trop dans les vapes pour réaliser qu’il ne s’agit pas de leur fils.
Mais les choses ne tardent pas à se compliquer…
A partir de là, de deux choses l’une : Soit vous vous laissez embarquer par cette histoire sans trop savoir où la cinéaste vous emmène, et vous avez alors une petite chance d’aimer le film, soit, comme nous, vous comprenez très vite la logique narrative utilisée par Susanne Bier et dans ce cas, vous avez une forte probabilité de vous ennuyer. Le fait d’anticiper les nombreux rebondissement donne tout loisir de remarquer les grosses ficelles mélodramatiques employées par Susanne Bier, comme, par exemple, l’intrigue secondaire totalement inutile autour du partenaire d’Andreas, flic dépressif et alcoolique. Et on ne peut que constater le côté très appuyé de la mise en scène, surligné à grands traits par une bande-son insupportable.
En même temps, on ne pourra pas reprocher à la cinéaste danoise de ne pas avoir de la suite dans les idées. Chacun de ses longs-métrages repose sur des effets mélodramatiques assumés. Parfois pour le meilleur (Open hearts, Brothers), parfois pour le pire (Serena).
En guise de circonstances atténuantes, on peut louer les qualités esthétiques du film, notamment le travail du chef opérateur Michael Keith Snyman, et le jeu des quatre comédiens principaux, Nikolaj Coster-Waldau, Nikolaj Lie Kaas, Maria Bonnevie et Lykke May Andersen, auquel on peut rajouter le toujours excellent Ulrich Thomsen.
On retrouve partiellement tout ce qui fait le charme du cinéma danois contemporain que nous aimons. Hélas, tout est noyé sous des flots de pathos et d’effets mélodramatiques bien lourds. Pour contrebalancer cela, nous requérons donc une peine légère pour Susanne Bier, espérant qu’elle pourra faire évoluer son cinéma vers davantage de subtilité. Elle en est capable…
Verdict : Coupable. Condamnée à faire mieux la prochaine fois.
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L’Affaire des Ames troubles
Accusé : Olivier Taveau, romancier français, auteur de “Les Ames troubles”.
Acte d’accusation :
Accusé d’avoir écrit un premier roman captivant, à tel point que le jury composé de Thomas Chabrol, Marc Fernandez, Sylvie Granotier, Alice Monéger, Christophe Smith et Jean-Christophe Grangé lui a attribué le Prix du Premier Roman Policier / Le Masque
Extrait de “Chroniques Judiciaires” du 26 mars 2015 :
Quand il a appris que son manuscrit, oublié pendant des mois sur le bureau d’une responsable éditoriale, au milieu des nombreux romans jugés trop médiocres pour être publiés, avait finalement attiré l’attention des éditions du Masque et concourrait pour le prestigieux prix du premier roman du Festival de Beaune, Olivier Taveau est resté sans voix.
C’est donc son avocate, Alice Monéger qui s’est chargée de sa défense devant le jury, vantant les qualités d’écriture de l’auteur, palpables dès les première pages, et la rigueur d’un récit haletant, dans lequel un flic à la dérive est tourmenté par un tueur qui a décidé de le rendre fou.
Généralement, les éditeurs savent assez vite si un manuscrit est digne d’intérêt ou non. Une ou deux pages suffisent pour se faire une idée du style de l’auteur. Et dans les piles de textes qu’ils reçoivent chaque semaine, les oeuvres intéressantes sont rares. Alice Monéger avoue avoir été accrochée dès la première page. Elle s’est laissée entraîner dans une intrigue à la fois sombre et poétique, formidablement écrite.
Rasséréné par les éloges de son éditrice, l’auteur a retrouvé la parole pour faire un discours plein d’humilité, assurant le jury de sa “reconnaissance éternelle”, jurant d’essayer d’être digne des espoirs placés en lui pour son prochain roman et a remercié les organisateurs du Festival du Film Policier de Beaune pour l’espace offert aux jeunes romanciers, qui manquent d’occasions pour mettre en lumière leur travail.
Evidemment, il était tout à fait coupable des faits reprochés. Il a bien volé un peu de leur temps libre aux lecteurs de son roman, qui n’ont pas pu faire autrement que d’en savourer chaque page. Mais le crime est plutôt sympathique. Le bonhomme aussi. Le jury a immédiatement exigé la remise en liberté d’Olivier Taveau, afin qu’il écrive encore bien d’autres romans aussi palpitants.
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Une Sale Affaire… de famille
Accusé : Claude Brasseur, acteur français
Acte d’accusation :
L’individu est accusé d’être impliqué dans une sombre affaire de famille, compliquée à souhait.
Déposition à la barre de Danièle Thompson, scénariste et réalisatrice monégasque:
”Cher Claude,
Quand j’étais petite, j’ai connu ton père qui connaissait le mien.
Et puis, tu as joué le papa de Vic, personnage inspiré par ma fille.
Plus tard, tu fus le père de mon fils dans Fauteuil d’Orchestre.
Bref, je me sens avec toi en famille.
Malgré nos liens intimes, j’ai décidé d’aller jeter un oeil à l’ensemble de ta carrière, afin d’être sûre de ne rien oublier.
Bien sûr, je me souvenais d’Un éléphant ça trompe énormément,de La Guerre des Polices,d’Une histoire simple, de Détective, de tous ces metteurs en scène magnifiques avec lesquels tu as travaillé. Il y avait aussi Vidocq, Dom Juan, des télévisions…
Mais quand j’ai vu s’afficher ta filmographie, j’étais complètement découragée : 90 films, 35 téléfilms, 40 pièces de théâtre…
T’es tu jamais arrêté de travailler dans ta vie?
Je lisais récemment une citation de Laurent Terzieff : “Le théâtre, ce n’est pas ceci ou cela, c’est ceci et cela”
Toi, Claude tu est ceci et puis cela, et puis encore ceci et puis encore cela. Un appétit sans snobisme, une implication enthousiaste dès qu’il s’agit de jouer.
Je disais de toi ce matin à la radio : il a l’intelligence du texte. Tu as ce don rare, renforcé par ta voix magnifique et incomparable, Tu parviens à donner à chaque réplique son sens le plus vrai, mais aussi à leur apporter une subtilité que même l’auteur n’avait pas imaginée. Tu es un grand acteur.
”Si tu veux briller, fais briller les autres” disait Jacques Fabbri. Tu es aussi un acteur généreux, qui met ses partenaires en valeur. Tu es à l’écoute, tu es toujours là pour eux. Ca aussi, c’est être un grand acteur.
Nous sommes toujours en pâmoison devant les acteurs américains parce qu’ils peuvent tout jouer. Des flics, des voyous, des amants, des papas. Mais toi aussi tu as joué tout cela. J’ai l’impression, ce soir, que tu es un acteur américain et c’est un immense compliment venant de la part d’un public français.
Tu es un grand acteur, Claude, et je t’aime.”
Déposition de Claude Brasseur :
”C’est un grand compliment de me comparer à un acteur américain, mais je suis désolé, je vais parler en français.
C’est une grande fierté pour moi de recevoir et hommage et c’est un double plaisir parce que vous avez choisi Danièle pour en être l’interprète.
Nos carrières le prouvent, j’ai une profonde amitié et une profonde admiration pour elle. Nous avons travaillé ensemble et nous avons pas mal de points communs. Nous avons tous les deux un papa qui nous a inspiré, et nous avons tous les deux un enfant –enfin, on ne l’a pas eu ensemble, hein – qui est acteur.J’ai eu le plaisir de travailler avec Christopher, le fils de Danièle.
Rassurez-vous, je ne me confondrai pas en plein de remerciements – laissons cela aux César et aux Molière – mais je suis très fier de recevoir cet hommage.”
Plaidoirie de Maître Boustoune, avocat de père en fils :
Oui, on pourrait trouver compliqué ces histoires de familles, ces gens qui jouent à être le père des uns et les fils des autres. Mais bon, ne dit-on pas que le cinéma est “une grande famille”.
Et les Brasseur, de Pierre en fils, comme les Oury/Thompson, prouvent que le talent est souvent héréditaire.
J’exige la relaxe pour ce grand acteur, qui a traversé plusieurs décennies du cinéma français avec la même prestance.
Verdict : Innocent
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L’Affaire de la balle à blanc
Accusé : Fred Grivois, cinéaste français, auteur de La Résistance de l’air
Complices : Reda Kateb, acteur français et Ludivine Sagnier, actrice française
Date du crime : le 26 mars 2015, vers 20h
Lieu du crime : Salle du Clos des Mouches, Cap Cinéma, Beaune
Acte d’accusation :
Pour son premier film, Fred Grivois voulait atteindre ses cibles – le public et la critique – en plein coeur, en les entraînant dans un récit noir à souhait.
Alors, a-t-il fait mouche ou son film n’est-il qu’une cartouche pour rien, une balle à blanc?
Déposition de l’accusé, Fred Grivois :
”Il s’agit d’un premier film. J’espère que vous l’aimerez”
Déposition de Ludivine Sagnier:
”C’est plus qu’un premier film. C’est la naissance d’un cinéaste”
Réquisitoire du Procureur Boustoune, snipper de la critique :
Dans La Résistance de l’air, Reda Kateb incarne Vincent, un homme tranquille, bon mari et bon père de famille, faisant preuve en toute circonstance de beaucoup de sang-froid et de calme, des qualités qui en font un excellent champion de tir, sur le point de faire partie de l’équipe de France de tir au fusil.
Ce calme olympien se retrouve pourtant sérieusement ébranlé quand les problèmes s’accumulent autour de son foyer. La maison que le couple est en train de faire construire s’avère plus coûteuse que prévu et les ouvriers, qu’ils sont dans l’incapacité de payer, menacent de saboter ce qui a déjà été bâti.
Par ailleurs, le père de Vincent (Tchéky Karyo) est victime d’un AVC et le jeune couple n’a d’autre solution que de l’héberger chez eux le temps qu’il se remette. La situation tape rapidement sur les nerfs de la femme de Vincent, Delphine (Ludivine Sagnier) qui menace de le quitter si les choses ne s’arrangent pas rapidement…
Aussi, quand un nouvel inscrit du club de tir propose à Vincent un job très lucratif, celui-ci réfléchit très sérieusement à la question. Le hic, c’est que le job en question est un assassinat. Vincent est chargé d’utiliser son don pour le tir pour dézinguer un inconnu à distance, en échange d’une prime lui permettant d’effacer toutes ses dettes.
Evidemment, mettre le doigt dans cet engrenage n’est pas sans conséquences, comme va le découvrir Vincent…
Le point de départ n’est pas follement original, mais le petit côté social du script n’est pas déplaisant et l’idée d’utiliser un personnage principal champion de tir à la carabine est plutôt bonne, car elle a été assez peu exploitée à l’écran. Malheureusement le résultat à l’écran n’est guère convaincant. La faute à une intrigue principale bien trop mince pour tenir la distance, des intrigues secondaires inutiles – les scènes avec le père de Vincent sont assez grotesques – et des personnages finalement très mal exploités, à commencer par l’ami belge (Johan Heidenbergh) qui entraîne Vincent dans cette virée criminelle.
La faute, aussi, à une mise en scène manquant de maîtrise et d’intensité. Le rythme est mou. Les acteurs jouent leur partition sans que l’on sente derrière une direction d’acteur digne de ce nom. Evidemment, Reda Kateb est impeccable, comme toujours, mais sa performance subtile ne suffit pas à sauver le film.
Un réalisateur est né? Chère Ludivine, permettez-nous de ne pas partager votre opinion. Oh, ce n’est pas un mauvais film, non. Mais c’est une oeuvre assez banale, qui ne laissera certainement pas une trace profonde dans les mémoires des cinéphiles.
On serait méchant, on dirait que le film ne vaut pas deux balles, mais on préfère laisser au cinéaste la possibilité de tirer une nouvelle salve avant d’envisager de lui retirer son port de caméra.
Verdict : Coupable. Le film est une oeuvre à blanc.
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L’Affaire des Alcooliques pas si anonymes que ça
Accusés : de nombreux grands pontes de la Critique Cinématographique française
Date du délit : nuit du 26 au 27 mars 2015
Lieu du délit : La Comédie du Vin, Beaune, et rues avoisinantes
Procès Verbal :
Plusieurs cas d’ébriété sur la voie publique ont été enregistrés la nuit du 26 au 27 mars.
Les individus paraissaient tous sortir de la Comédie du Vin, où était donné un dîner dans le cadre du 7ème Festival du Film Policier de Beaune. Les témoins parlent d’une succulente fondue bourguignonne, avec viande fondante et sauces onctueuses à souhait.
Apparemment, le repas a été généreusement accompagné de crus locaux. Les enquêteurs ont trouvé de nombreuses bouteilles vides, en provenance de certains des meilleurs domaines locaux. Parmi les bouteilles aperçues, citons le délicieux Château de Meursault blanc, du Beaune 1er Cru, du Corton Grand Cru, du Santenay de toutes les couleurs.
Tous les témoins s’accordent pourtant à dire que les convives ont dégusté ces jus de raisin améliorés avec la modération qui s’impose.
En fait, les choses ont dérapé à la table du Jury de la Critique. Contrairement aux autres tablées, qui avaient limité leur découverte oenologique à deux ou trois vins, on a retrouvé pas moins de huit bouteilles différentes – et plus si affinités – à l’endroit où ces grands noms de la presse ont dîné. Autant dire que le degré d’alcoolémie y était supérieur à la normale.
Apparemment, la vigneronne qui était chargée de leur faire découvrir ses vins, Pascale Rifaux, de l’excellent domaine Prosper Maufoux, à Santenay, a largement contribué à alimenter le vice des suspects. En même temps, ce n’est pas tous les jours qu’une vigneronne est capable de soutenir une discussion sérieuse autour de Nicolas Winding Refn tout en sirotant du Pinot noir. Cela a sans doute incité les journalistes à rester un peu plus longtemps que prévu, et à profiter plus que de raison des divins nectars de la côte de Beaune…
Mais bon, ce n’est pas une raison pour tolérer cela!
On a notamment vu la dénommée Caroline Vié, critique à 20 mn, oublier complètement ce qu’elle a fait de sa fin de soirée. Certes, au vu de son excellent roman “Dépendance Days” (éd. JC. Lattès), on pourrait penser à un Alzheimer précoce, mais on ne m’ôtera pas de l’idée qu’elle a abusé du Santenay rouge…
L’état de ses confrères n’étaient guère plus enviable. Philippe Rouyer, plus que jamais “Positif” à l’alcootest, a qualifié des vins de “Bergmaniens”. On se souviendra que Baptiste Liger, critique littéraire émérite pour “Lire”, que d’aucuns ont surnommé le Gunther Sachs de la Côte d’Or, s’est lancé dans d’endiablées performances au piano. Et Boustoune, l’éminence grise d’Angle(s) de vue, était surtout éminemment gris et a rejoint son hôtel en titubant dangereusement.
Verdict : Relaxe générale
L’un des suspects se faisant appeler “Le Président”, il a été décidé de classer l’affaire sans suite, par précaution…
Evidemment, tout ceci est fortement exagéré, et nous rappelons à nos lecteurs que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé…
(A suivre…)
Excellent!!!!!!!