C’est un véritable “Monstre sacré” du septième art qui vient de nous quitter, à l’âge de 86 ans.
Sidney Lumet était en effet un excellent réalisateur, qui a traversé soixante ans de cinéma américain et livré régulièrement des petits bijoux aussi mémorables que 12 hommes en colère (quel coup d’essai!), L’homme à la peau de serpent (avec le couple volcanique Brando/Magnani), Long voyage vers la nuit (qui valut un prix d’interprétation collectif pour ses interprètes, à Cannes), Le Gang Anderson et The Offence (deux superbes films noirs avec Sean Connery), Serpico et Un après-midi de chien (deux films qui contribuèrent à asseoir définitivement la popularité d’Al Pacino), Equus, Le Verdict ou plus récemment, l’excellent 7h58, ce samedi-là…
Il a tourné avec un nombre impressionnant d’actrices et d’acteurs de talent, de Katherine Hepburn à Sharon Stone, en passant par Candice Bergen ou Jane Fonda, dont il relança la carrière avec Le lendemain du crime, de Henry Fonda à Paul Newman, en passant par Phillip Seymour Hoffman, River Phoenix ou… Michael Jackson (hé oui! hé Wiz).
Malgré quelques erreurs de parcours, comme l’inutile remake du Gloria de John Cassavetes ou le choix de Vin Diesel pour jouer dans Jugez-moi coupable, cet homme de théâtre, de télévision et de cinéma nous laisse en héritage une oeuvre éclectique et d’une grande richesse, truffée de films engagés au sens noble du terme. Ses films reflètent parfaitement leur époque, sont des témoignages autant que des critiques virulentes de l’organisation de la société américaine et de la corruption qui règne dans certains secteurs.
Merci, Mister Lumet, pour tous ces chefs d’oeuvre que vous avez concoctés, et pour tous vos polars “mineurs” très bien ficelés. Merci aussi pour votre disponibilité, votre passionnante expertise, votre passion communicative du septième art, lors des deux fois où nos chemins se sont croisés…
Partez sereinement rejoindre vos 12 hommes en colère, partez A la recherche de Garbo et trouvez la lumière au bout de ce Long voyage vers la nuit…
Nous, on a juste envie de se révolter contre la Grande Faucheuse qui nous embarque encore un grand Monsieur du cinéma… “Attica! Attica! Attica!”