Pas de surprise majeure au cours de cette 35ème Cérémonie des César, où la « grande famille du cinéma français » a surtout récompensé le film de Jacques Audiard, Un Prophète.
9 récompenses dont meilleur film, meilleur réalisateur, la plupart des prix techniques sur l’image, trois trophées pour les acteurs (un doublé pour Tahar Rahim et Niels Arestrup)
Les autres grands films français de l’année, Mademoiselle Chambon (meilleure adaptation), La journée de la jupe (Isabelle Adjani, meilleure actrice) et A l’origine (Emmanuelle Devos, meilleur second rôle féminin) n’ont pas été oubliés, ni Le concert, qui rafle la meilleure musique et le meilleur son.
Mais Welcome repart bredouille, alors que le thème des sans papiers et de l’identité nationale était un des fils rouges de la soirée. Vincent Lindon aurait pu, par exemple, obtenir le prix du meilleur acteur (deux prix pour Tahar Rahim, était-ce bien nécessaire?)
Rien non plus pour Rapt de Lucas Belvaux…
La cérémonie elle-même était plutôt agréable à suivre, mais pas aussi hilarante que ce que l’on attendait. La décision d’associer Valérie Lemercier et Gad Elmaleh, les deux meilleurs maîtres de cérémonie de ces dernières années, était intéressante mais l’addition des deux talents n’a pas donné la valeur ajoutée escomptée.
D’accord, certaines des plaisanteries du duo étaient amusantes, gentiment provocatrices et politiquement incorrectes. Comme cette parodie du Petit Nicolas, coup de griffe contre la politique du ministère de l’identité nationale.
Mais d’autres étaient plus douteuses, comme les blagues nommant des marques de grandes firmes françaises (des sponsors de la cérémonie ?), ou pas drôles, comme ce sketch autour des lunettes 3D ou ce faux biopic de Juliette Binoche…
Toujours mieux, cela dit que cette chanson ridicule et trop longue où Jeanne Balibar chante en grognant comme un porc sauvage… Grand moment de n’importe quoi télévisuel.
Finalement, la meilleure vanne de la soirée est venue de l’excellent Tahar Rahim : « Vous avez déjà vu un beur fondre? »
L’émotion, elle, est venue de l’hommage rendu à Eric Rohmer, récemment disparu, par son acteur fétiche, Fabrice Luchini. De la belle complicité entre Sigourney Weaver et Harrison Ford. Et des larmes d’Isabelle Adjani.
Evidemment, il y a eu le traditionnel cortège de visages radieux et de déceptions, mais c’est le lot de ce genre de remise de prix. En tout cas, elle témoigne de la belle vitalité et de la diversité du cinéma français, malgré des difficultés de financement de plus en plus manifestes…
Palmarès complet
Meilleur film : | Un Prophète de Jacques Audiard |
Meilleur réalisateur : | Jacques Audiard pour Un Prophète |
Meilleure actrice : | Isabelle Adjani pour La journée de la jupe |
Meilleur acteur : | Tahar Rahim pour Un Prophète |
Meilleur second rôle féminin : | Emmanuelle Devos pour A l’origine |
Meilleur second rôle masculin : | Niels Arestrup pour Un Prophète |
Meilleur espoir féminin : | Mélanie Thierry pour Un dernier pour la route |
Meilleur espoir masculin : | Tahar Rahim pour Un Prophète |
Meilleur premier film : |
Les beaux gosses de Riad Sattouf |
Meilleur film étranger : | Gran Torino de Clint Eastwood |
Meilleur scénario original : | Jacques Audiard, Thomas Bidegain, Raouf Dafri, Nicolas Peufaillit pour Un Prophète |
Meilleure adaptation : | Stéphane Brizé, Florence Vignon pour Mademoiselle Chambon |
Meilleur montage : | Juliette Welfling pour Un Prophète |
Meilleure photo : | Stéphane Fontaine pour Un Prophète |
Meilleure musique : | Armand Amar pour Le Concert |
Meilleur son : | Pierre Exoffier, Selim Azzazi, Bruno Tarrière pour Le Concert |
Meilleurs décors : | Michel Barthélémy pour Un Prophète |
Meilleurs costumes : | Catherine Leterrier pour Coco avant Chanel |
Meilleur film documentaire : | L’enfer d’Henri-Georges Clouzot de Serge Bromberg |
Meilleur court-métrage :
|
C’est gratuit pour les filles de Claire Burger et Marie Amachoukeli |
César d’honneur : | Harrison Ford |
Le César de la meilleure musique pour quelqu’un qui ne lit pas la musique ! (mes sources sont sûres)